Auberges de jeunesse… de luxe!
Des auberges de jeunesse «de luxe»? N’est-ce pas un peu contradictoire? Depuis quelques années, les hébergements abordables sont en pleine transformation. Un souci accru de la propreté, du design et de la vie culturelle permet de vivre une expérience à mi-chemin entre la vie d’hôtel et de dortoir. La crise économique a poussé bien des voyageurs à se tourner vers des établissements plus bas de gamme, mais pas en sacrifiant un certain confort.
Parfois surnommées «poshtels» ou «boutique hostels», ces auberges de jeunesse haut de gamme gagnent en popularité aux quatre coins du monde. «De nombreux créateurs, artistes, graffeurs et décorateurs d’intérieur de luxe s’amusent à repenser ces espaces de vie pour en faire de réels petits coins de paradis», observe Cosmopolitain, avant de présenter une dizaine d’auberges de jeunesse qui se démarquent par leur design et les espaces communs mis à la disposition des voyageurs.
«Dans la catégorie "haut de gamme", celle des YMCA premium, le tarif moyen se situe à 25 euros la nuit par personne, peut-on lire dans Paris Match. Grâce à un excellent rapport qualité-prix, ils attirent un nouveau public – classes moyennes et familles –, qui ne veut sacrifier ni son confort ni son budget voyage. Des précurseurs prêts à sauter le pas en oubliant leurs préjugés – promiscuité, hygiène sommaire – et à bousculer leurs habitudes.»
Comme il n’existe aucune forme de classement, les commentaires laissés sur Internet et les multiples listes comme celles publiées par The Guardian, Le Figaro, Hostel World, Femina, Time et Le Monde aident à se faire une idée. Un blogueur, Kash Bhattacharya, alias Budget Traveller, a même publié un guide sur les «luxury hostels» d’Europe.
En plus des dortoirs, des chambres privées à prix (relativement) mini permettent d’avoir son espace à soi. Si, comme pour les auberges de jeunesse, les jeunes voyageurs dominent, on y croise également des gens de toutes les générations, y compris des familles.
Un hôtel/hostel à Prague
J’ai eu l’occasion de passer trois nuits dans un établissement du genre à Prague. Ouvert en 2010 et complètement revampé en 2013, Mosaic House, qui se retrouve sur quelques listes, propose aujourd’hui 500 lits dans trois sections: «Hostel mingle» (hébergement en dortoir), la partie hôtel, avec des chambres privées et des suites (dont un penthouse avec une terrasse immense, loué à partir de 150 euros en basse saison), et Moo, appartements de luxe, dans le bâtiment qui fait face à l’établissement principal. Tout le monde a accès aux pièces communes. «On est les seuls à être complètement hybrides à plusieurs niveaux», affirme Gilles Oulevey, directeur du marketing.
En pénétrant dans l’hôtel, j’ai tout de suite pensé aux Mama Shelters où j’avais posé mes valises à Paris et Bordeaux. J’y ai retrouvé le même côté arty sans prétention, l’atmosphère décontractée tout en étant très branchée. La différence? Ici, on trouve aussi des dortoirs avec des lits à partir de 10 euros la nuit. «Avant Mosaic House était plutôt un design hostel et aujourd’hui, c’est plutôt un hôtel à chambres multiples», résume Gilles Oulevey.
Dans les dortoirs, la salle de bain est en tout point similaire à celles des chambres privées. L’environnement est également au cœur des préoccupations, tout comme la technologie. L’eau et la chaleur y sont récupérées. L’eau des douches et des éviers est par exemple recyclée et utilisée pour les toilettes. Mosai House se targue également d’être le premier hostel/hôtel de République tchèque à utiliser une source d’électricité 100% renouvelable.
Moi qui ne voyage jamais de la même manière, je me suis tout de suite sentie bien dans cet environnement. L’espace commun, La Loca, est à la fois un bar, un restaurant et un lounge. Je m’y suis installée pour travailler pendant quelques heures. Autour de moi, j’ai observé une clientèle majoritairement jeune, mais aussi des couples plus âgés et des voyageurs en solo de différentes générations. J’ai, un peu plus tard, croisé des familles en entrant dans la section Moo. Cet éclectisme constitue, à mon avis, le point fort de ce type d’établissement. C’est d’abord un état d’esprit qu’on retrouve ici, plutôt qu’un nombre d’étoiles.
À une époque où les commentaires laissés sur Internet inspirent souvent plus que le nom d’une marque et où l’on cherche toujours à en avoir plus pour son argent, ce type d’établissement hybride m’apparaît comme l’avenue la plus intéressante sur le marché à l’heure actuelle, particulièrement pour les voyageurs en solo qui ont envie d’intimité tout en ayant des possibilités d’interaction. En tout cas, moi, je compte bien récidiver!
J'étais l'invitée de Mosaic House. Évidemment, les opinions émises dans ce texte sont 100% les miennes!