Photo: Anne Pélouas

Découvrez les Rocheuses de l’Alberta: ski, randonnée et aventures printanières

Vous rêvez encore de ski alpin, de randonnée alpine, de raquette, mais vous aimeriez bien aussi randonner ou faire du vélo? Dans les Rocheuses de l’Alberta, la neige est de très belle qualité sur les hauteurs au moins jusqu’à mi-mai, tandis que la vallée de la Bow est déjà en mode printanier. Pourquoi choisir, quand on peut faire le matin une activité de plein air hivernale et l’après-midi, enfourcher un vélo ou se balader à pied en forêt?



Mi-avril, du haut de la tour de Calgary, on aperçoit très bien (par temps clair) la chaîne des Rocheuses canadiennes, bien enneigées. À une heure de route de la métropole albertaine, on entre dans la longue vallée de la Bow, encadrée par les premiers sommets. De Canmore à Jasper, cette vallée mythique vous en mettra plein la vue avec sa kyrielle de sommets de 3000 à 4000 mètres, ses glaciers renommés et ses rivières larges comme des fleuves. Et, ce qui ne gâte rien, la période de mi-avril à début juin est idéale pour découvrir ses attraits naturels sans la foule de l’été et de l’hiver, en profitant des meilleurs tarifs d’hébergement.

Dans les Rocheuses de l’Alberta, la neige est de très belle qualité sur les hauteurs au moins jusqu’à mi-mai. Photo: Anne Pélouas

Canmore et ses environs

Premier arrêt dans la petite ville de Canmore, où sport et plein air constituent l’activité principale de loisirs.

Je me suis rendue directement au parc provincial Centre nordique Canmore, connu mondialement depuis que s’y sont tenues les épreuves de ski de fond des Jeux olympiques d’hiver de Calgary, en 1988. Le centre est demeuré la Mecque du ski de fond dans les Rocheuses.

En cette fin de saison, quatre pistes demeuraient ouvertes, dont la Banff (2,6 km). Personne ou presque au stationnement alors que je m’élançais en ski de fond sur la trace des champions olympiques. La piste était en «parfaite» condition printanière, avec une alternance de neige mouillée et parfois glacée, mais je n’ai pas boudé mon plaisir de glisser ainsi, peut-être pour la dernière fois cette année.

Ski de fond à Canmore. Photo: Anne Pélouas

Sur place, il y a aussi neuf sentiers de fatbike ouverts, de 0,7 à 4,7 km. Puis viendra le temps du vélo de montagne sur 100 km de pistes. Le centre est aussi très réputé pour le vélo de montagne et compte de beaux sentiers pédestres qui seront accessibles d’ici quelques semaines à peine.

Ce ne sera pas long non plus (le 1er mai) pour voir débuter les sorties en rafting sur la rivière Bow organisées par Canmore Raft Tours. Une activité familiale où l’adrénaline sera au rendez-vous pendant une heure sur l’eau.

Canmore est par ailleurs le camp de base des grimpeurs, été comme hiver, avec l’escalade de glace pour activité vedette.

À noter: Le Bear Day du 20 avril, qui célèbre le réveil des ours après leur hibernation, tout en invitant les amateurs de plein air à la prudence en forêt.

Banff et ses environs

Peu après Canmore, on pénètre dans l’immense parc national Banff, premier parc national, créé en 1883. Une guérite routière invite à payer son tribut au parc dans lequel se trouve la ville de Banff. À 11$ par jour et par adulte, c’est l’occasion de vous questionner, si vous restez plusieurs jours dans la région, sur l’achat (à 75,25$) de la carte d’entrée Découverte de Parcs Canada, valable un an. Dans le parc, on trouve 1600 km de sentiers pour randonner à pied, à bicyclette ou à cheval.

À Banff, tout est à portée de l’amateur de plein air à quelques kilomètres maximum, autant le ski alpin que la marche à pied ou le vélo, avec tout ce qu’il faut pour louer éventuellement de l’équipement.

Fatbike électrique à Banff . Photo: Anne Pélouas

Dans les environs, le parc national Banff dispose encore de plusieurs sentiers de ski de fond tracés mais, à moins de nouvelles chutes de neige, ce ne sera pas pour longtemps. Par contre, six sentiers sont accessibles en raquettes ou crampons, dont la boucle du versant ouest du mont Sulphur, qui s’ajouteront avec le dégel à plusieurs «sentiers de marche hivernale», généralement dans le fond de la vallée.

Pour le ski alpin, direction Sunshine, à seulement 20 minutes d’auto ou de bus de Banff. La station est perchée à 2700 mètres d’altitude et offre de magnifiques vues des Rocheuses. Elle a reçu 518 cm de neige cet hiver et il en reste 150 aux dernières nouvelles. De quoi tenir les skieurs sur les planches, y compris en hors-piste, jusqu’à fin mai.

Je vous propose aussi une balade en téléphérique via la Banff Gondola, qui prend d’assaut le mont Sulphur, suivie d’une belle sortie à pied sur les hauteurs de la vallée de la Bow. Un long trottoir de bois court sur le flanc de la montagne, «agrémenté» de 370 marches réparties sur le parcours par groupes de 5 ou 10 marches. De quoi atteindre le vrai sommet qu’occupe une station météo sans avoir le souffle trop court!

À pied vers le sommet du mont Sulphur. Photo: Anne Pélouas

Dans la descente vers le téléphérique, on profite du paysage sur les sommets environnants, la vallée et la ville de Banff en contrebas, comme de panneaux d’interprétation, qui (comme partout à l’intérieur des limites des parcs nationaux canadiens) sont bilingues.

Le fatbike est une autre activité «printanière» (après avoir été hivernale) à faire dans le secteur de Banff. Radventures propose des sorties guidées de deux heures en fatbike électrique. On y explore les bords de la rivière Bow en se rendant jusqu’aux Bow Falls, de jolies cascades, puis par une petite route longeant le golf du Fairmont Banff Springs. Un troupeau de wapitis s’y balade sur l’herbe rase, sans plus de traces de neige. Les pneus cloutés du fatbike trouvent tout de même encore leur utilité dès qu’on pénètre en forêt, les chemins étant encore bien enneigés et parfois glacés.

Fatbike électrique à Banff et troupeau de wapitis. Photo: Anne Pélouas

En fin de journée, quand il fait encore soleil, l’idéal est d’aller relaxer dans les eaux chaudes de la piscine extérieure du Banff Upper Hot Springs, sur la route du mont Sulphur.

Après l’effort, la détente aux Banff Upper Hot Springs. Photo: Anne Pélouas

Avant de partir en randonnée, consultez la liste des sentiers du parc national Banff et leur état.

Lake Louise

De Banff, le Bow Valley Parkway conduit non loin de Lake Louise, lac magique au bord duquel trône l’imposant Fairmont Château Lake Louise. Le lac est réputé pour le patinage, mais c’en est fini pour la saison. Par contre, la station de ski Lake Louise, l’une des plus cotées et des plus vastes d’Amérique du Nord, garde la majorité de ses 164 pistes ouvertes et entretenues jusqu’au 5 mai. On peut aussi y réserver des sorties guidées de raquette, y compris une de nuit. Selon la station, les conditions demeurent excellentes pour le ski, avec des températures largement sous zéro la nuit et une bonne couverture de neige.

L’imposant Fairmont Château Lake Louise. Photo: Wenhao Ji, Unsplash

Sur la promenade des Glaciers

Au printemps, cette drôle de «promenade» de 232 km en auto sur la route 93 prend des allures d’épopée fantastique, surtout sous un soleil radieux. Pas de service cellulaire, pas d’ondes radio, une seule station-service entre Lake Louise et Jasper et quasiment pas âme qui vive… Bienvenue en territoire sauvage!

Bienvenue en territoire sauvage! Photo: Anne Pélouas

Au menu, une route panoramique qui sinue dans la vallée de la Bow et offre un spectacle ininterrompu de montagnes aux sommets enneigés, ainsi que des champs de glace, plus quelques animaux sauvages éventuellement sur la route, notamment des mouflons à cornes.

En chemin, on quitte le parc national Banff pour entrer dans celui de Jasper, qui protège un territoire de 11 000 km2. Plus de 1000 km de sentiers y sont chargés d’histoire, car ils ont bien souvent été tracés, à pied ou à cheval, par des autochtones, des commerçants de fourrure, des explorateurs ou des aventuriers. Plusieurs débutent sur les bas-côtés de la route, qui compte aussi quelques stationnements et belvédères pour profiter encore plus de la vue. Le premier est celui du lac Hector, alimenté par des eaux de glacier. Au lac Peyto, un sentier de 3 km mène au Bow Summit, point le plus élevé du secteur, avec vue splendide sur le lac couleur bleu turquoise. Toujours dans le parc national Banff, le Mistaya Canyon mérite la courte randonnée qui y conduit.

En auto sur la Promenade des Glaciers entre Banff et Jasper. Photo: Anne Pélouas

Le Saskatchewan River Crossing marque la traversée de la rivière Saskatchewan et le retour à un brin de civilisation avec un magasin général, une station-service et une route menant à Red Deer.

En poursuivant vers Jasper sur une soixantaine de kilomètres, dans un paysage de carte postale montagnarde, on parvient au belvédère du Weeping Wall (paroi en pleurs), où des cascades de glace se transforment en chutes d’eau au printemps. Vient ensuite le clou du spectacle de la promenade des Glaciers: le glacier Athabasca, partie du champ de glace Columbia et du parc national Jasper. On peut marcher sur le front du glacier (sentier 52 de 1,8 km aller-retour), mais mieux vaut participer à une randonnée guidée d’Athabasca Glacier Icewalks (à partir de fin mai) pour s’aventurer plus avant sur le glacier, dont les crevasses sont très dangereuses.

En auto sur la Promenade des Glaciers entre Banff et Jasper. Photo: Anne Pélouas

De l’autre côté de la route, le Columbia Icefield Glacier Center fournit de précieuses informations sur les glaciers et organise des sorties guidées en gros véhicule sur la glace. À 3 km du centre, le sentier du col Wilcox (8 km aller-retour) grimpe en forêt jusqu’à un plateau d’où l’on découvre un superbe panorama sur le glacier Athabasca et les sommets voisins.

Sur la route de Jasper, vous passerez ensuite près des chutes et du canyon Sunwapta. L’un des sentiers de randonnée partant de la route mène au pied des chutes en 1,3 km. C’est aussi l’un des meilleurs repaires d’ours dans le parc Jasper. Peu après, les chutes Athabasca impressionnent par leur hauteur de 23 mètres.

Croisé sur la route entre Banff et Jasper! Photo: Anne Pélouas

Jasper et ses environs

De col en vallée au cœur du parc national Jasper, qui est classé «réserve de ciel étoilé», la route 93 se rapproche de la petite ville plutôt tranquille de Jasper, du moins au printemps quand la foule des touristes arrivant de Banff ou de Colombie-Britannique par la route ou en train n’est pas encore là.

Dans la vallée, plus aucune trace de neige mi-avril, mais non sur les sommets environnants. La seule station de ski du parc national – Marmot Basin – est tout de même ouverte au moins jusqu’à fin avril et sa neige naturelle est réputée excellente.

Le Jasper SkyTram, petit téléphérique datant de 1964, vous transporte en 7 minutes à 2263 mètres sur un éperon rocheux de la Whistlers Mountain. Photo: Anne Pélouas

Pour ma part, j’ai pris le Jasper SkyTram, petit téléphérique datant de 1964 qui vous transporte en 7 minutes à 2263 mètres sur un éperon rocheux de la Whistlers Mountain. De là, il faut utiliser raquettes ou bons crampons pour atteindre le vrai sommet, à 2463 mètres, et être habillés en hiver, car un vent glacial souffle souvent sur les hauteurs.

De gros blocs de pierre et des champs de pierraille constituent l’environnement d’un parcours particulièrement insolite. Photo: Anne Pélouas

Une maigre trace de neige tapée ou glacée marque le «sentier» de 1,4 km (aller) en montée quasi constante, sur lequel j’ai croisé une seule personne. De gros blocs de pierre et des champs de pierraille constituent l’environnement d’un parcours particulièrement insolite, avec d’incroyables points de vue sur les montagnes alentour, la vallée de la Bow et la ville de Jasper. Magique!

Incroyables point de vue sur les montagnes alentour, la vallée de la Bow et la ville de Jasper. Magique! Photo: Anne Pélouas

En basse altitude, il faut attendre début mai pour faire du rafting en rivière, par exemple avec Jasper Raft Tours, ou un tour de vélo de montagne avec Journey Bikes Guides. Même chose pour profiter des fameuses sources thermales Miette, alimentées par les eaux les plus chaudes des Rocheuses.

Les sentiers de randonnée aménagés sur les bords du canyon Maligne, à quelques kilomètres de Jasper, sont pour leur part déjà bien secs. Très encaissée, la gorge compte six ponts, de nombreuses cascades de glace ou d’eau, des fossiles et des «marmites de géant». On peut se contenter d’une petite balade de 20 minutes ou entreprendre une exigeante randonnée de 3 heures, en descente abrupte, puis remontée exigeante.

Randonnée du Canyon Maligne. Photo: Anne Pélouas

Autres activités printanières dans le parc national Jasper

Sur son site, le parc suggère plusieurs activités à ne pas manquer au printemps.

Il est facile d’y explorer le fond des vallées en randonnée, en vélo de route ou en vélo de montagne, dès que les sentiers sont un peu secs.

L’observation d’animaux sauvages figure, selon le parc, parmi les expériences les plus exaltantes. Le printemps y est particulièrement propice, car «c’est la saison où les chevreuils, les wapitis et d’autres ongulés mettent bas, où les ours et leurs petits émergent de leur hibernation et où les chevreaux se mettent à gambader». Chez les wapitis, la mise bas s’étend du 15 mai au 30 juin dans le parc. Attention alors aux femelles, qui n’aiment pas qu’on s’approche de leurs petits. Certains sentiers de randonnée sont fermés pour éviter les confrontations.

Le printemps est aussi une excellente saison pour observer les oiseaux, car plusieurs espèces migratrices reviennent du Sud. Il est ainsi possible d’apercevoir des pygargues à tête blanche, souvent près des lacs Maligne et Medicine, près de Jasper. Au marécage Cottonwood, plusieurs espèces d’oiseaux aquatiques et de rivage s’observent facilement, tandis qu’en randonnée jusqu’au belvédère du col Wilcox, on verra sûrement des oiseaux à haute altitude.

Les pentes orientées vers le sud et les prés du fond des vallées sont par ailleurs des sites rêvés pour qui aime les plantes à floraison hâtive, comme la pulsatille multifide, aux pétales pourpres délavés et au centre jaune vif. Début juin, le fond des vallées se couvre d’un tapis de fleurs. Pour une randonnée «florale» d’un jour, le parc suggère la vallée des Cinq Lacs, la terrasse Pyramid ou la boucle des Fleurs.

Les chutes et cascades sont au mieux au printemps. Au programme sur la route 93 ou non loin, en plus des chutes Athabasca et Sunwapta, le parc suggère les chutes Tangle et les chutes Stanley, qui sont accessibles par une courte randonnée.

Conseils

  • Pour réussir vos duos d’activités hiver-printemps dans la même journée, privilégiez le ski alpin ou la raquette le matin, et les activités plus printanières l’après-midi. «Le printemps est la saison de ski par excellence», selon le magazine local d’Hostelling International Canada, qui explique que «à partir d’avril, les journées sont plus chaudes et la neige a tendance à fondre en après-midi. La nuit, les températures froides gèlent à nouveau la neige. Les cycles de fonte et de gel créent des conditions très stables dès le matin».
  • Le printemps est la saison de prédilection pour observer les animaux sauvages dans le fond des vallées. Mouflons et ours fréquentent souvent les abords des routes, quand ils ne sont pas sur la chaussée. La prudence est donc de mise sur la promenade des Glaciers. Il y a aussi des risques d’avalanche dans la région, y compris au printemps. La route 93 est fermée à l’occasion. N’oubliez pas de consulter les conditions routières sur le site www.alberta511.ca et le dernier bulletin d’avalanche avant de partir sur la route ou en excursion.
  • Les grizzlis et ours noirs sont sortis. Les Rocheuses canadiennes sont l’habitat du grizzli et de l’ours noir, qui commencent tous deux à sortir de leur hibernation. À Banff, mi-avril, on avait déjà vu le «Boss», grizzli vedette de la ville, tandis que le premier ours noir avait été aperçu le 2 avril dans le parc national Jasper. «Vous pourriez rencontrer un ours n’importe où, aussi bien sur un sentier de grande affluence aux abords de la ville que dans un coin reculé de l’arrière-pays. Les ours préfèrent généralement éviter les humains, mais le hasard provoque quelquefois des rencontres», précise le parc national Banff sur son site. La meilleure approche selon le site est «d’éviter les rencontres» en faisant du bruit sur un sentier, en quittant le secteur si l’on voit des traces fraîches d’ours (pistes, crottes, trous dans le sol ou roches retournées), en privilégiant les sorties de groupe, en randonnant de jour et en restant sur les sentiers officiels. Pour les cas de rencontre avec un ours, le parc suggère de «transporter en tout temps sur les sentiers une bonbonne de gaz poivré» et d’avoir appris à s’en servir auparavant.
  • À lire et emporter dans ses bagages: le guide Explorez les Rocheuses canadiennes, publié fin 2023 par les Guides de voyage Ulysse.