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Devenir préposée aux prêts dans une bibliothèque à 50 ans

À 50 ans, Carole Vadnais a quitté son poste de monitrice de centre culturel à la Ville de Saint-Hubert pour devenir préposée aux prêts dans une bibliothèque de Saint-Lambert. Un travail plus éloigné de sa maison, avec moins d’heures par semaine, mais qui correspondait vraiment à sa passion pour la littérature.


Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?

Carole Vadnais: J’ai fait un cours de secrétaire quand j’étais jeune. J’ai commencé à travailler pour des magasins, mais je me suis lassée rapidement. Je suis donc retournée aux études, à l’éducation des adultes, pour finir mon secondaire et faire mon cégep dans le but d’entrer à l’université en littérature. L’arrivée de mes enfants a peu bousculé mes plans… surtout que j’en ai eu quatre!

Avenues.ca: Ouf! Avez-vous réussi à finir vos études?

C.V.: J’ai fini ma licence en littérature – l’équivalent d’un certificat – à temps partiel. Ça m’a donc pris quelques années. Mais c’est dans ces années-là que j’ai commencé à travailler en tant que monitrice de centre culturel pour la Ville de Saint-Hubert. Ce n’était pas loin de chez moi, je pouvais y aller à pied et les enfants pouvaient toujours venir me rejoindre. Je travaillais une vingtaine d’heures le soir et les fins de semaine, et l’été je ne travaillais pas. C’était pratique et j’aimais ça. En plus, j’étais surveillante de dîner à l’école des enfants.

Avenues.ca: C’est quand même beaucoup, considérant que vous deviez aussi vous occuper de quatre enfants…

C.V.: Oui, mais j’avais de l’énergie. Et même si mon mari travaillait, avec quatre enfants, je n’avais pas le choix de travailler. J’aurais sûrement aimé être mère à la maison, mais ce n’était pas une option.

Avenues.ca: Quelles étaient vos tâches en tant que monitrice de centre culturel?

C.V.: J’accueillais les groupes qui avaient des cours dans les locaux de la municipalité, et j’organisais et coordonnais les différentes activités du centre, comme des danses, des films ou des sorties pour les adolescents.

Avenues.ca: Pourquoi avoir voulu changer de carrière?

C.V.: J’en avais ras le bol des ados! J’en avais quatre à la maison et une vingtaine le soir et les fins de semaine dans le cadre de mon travail. C’était assez!

Avenues.ca: Vous avez donc commencé à chercher autre chose?

C.V.: On était à l’époque des fusions municipales et je recevais plein d’offres d’emploi par courrier interne. J’ai postulé à différents postes dans des bibliothèques; bibliothèque de Longueuil, de Greenfield Park… Puis j’ai vu un petit poste à Saint-Lambert, pas beaucoup d’heures, mais bien payé. Je me suis dit: «À 49 ans, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais!» J’ai postulé et je l’ai eu! J’ai donc laissé mon poste à Saint-Hubert pour aller travailler à Saint-Lambert.

Avenues.ca: Vous êtes donc devenue préposée aux prêts. Quelles étaient vos tâches?

C.V.: C’était une petite succursale, située à côté d’une école. On avait donc beaucoup de groupes scolaires. Je faisais l’heure du conte, je leur expliquais comment chercher dans une bibliothèque avec les codes, l’ordre alphabétique, etc.

Avenues.ca: Comment a réagi votre entourage à ce changement de carrière?

C.V.:  J’ai un peu créé la commotion dans mon ancien milieu de travail, où mes collègues ne prenaient pas mon projet au sérieux et pensaient qu’après toutes ces années, je resterais. Surtout qu’en raison d’un problème de vision, je devais voyager en autobus pour me rendre à Saint-Lambert.

Avenues.ca: Ce changement de carrière a-t-il eu de grandes répercussions sur votre budget?

C.V.: Non. Puisque Saint-Hubert et Saint-Lambert faisaient partie de l’agglomération de Longueuil, mon ancienneté comptait depuis 1989. Même si j’avais moins d’heures quand j’ai commencé en tant que préposée aux prêts, j’avais un bon salaire, ce qui compensait, ou presque.

Avenues.ca: Avez-vous déjà regretté votre décision?

C.V.: Non! C’était plus tranquille et j’aimais ça. Après avoir été préposée aux prêts, j’ai été directrice de succursale, puis responsable de la section jeunesse. J’étais vraiment sur mon X. C’est ce que j’ai fait jusqu’à la fin de ma vie professionnelle.

Avenues.ca: Vous êtes donc à la retraite?

C.V.: Oui. En 2014, un accident bête m’a valu un arrêt de travail de dix mois, suivi d’un retour progressif. J’avais déjà décidé de prendre ma retraite à la fin de l’année. J’avais 64 ans, 25 ans de service à la Ville, et mon mari était à la retraite depuis près d’une dizaine d’années. En 2015, j’ai quitté, le cœur gros, mais satisfaite d’avoir foncé et d’avoir réussi à me réaliser pleinement sur le plan professionnel.

Avenues.ca: Auriez-vous un conseil à donner à des personnes qui souhaitent faire un changement de carrière?

C.V.: Il faut parfois accepter de reculer pour mieux avancer.

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