Photo: James Sullivan, Unsplash
21 mai 2021Auteure : Julie Chaumont

Devenir consultant à 60 ans

Jacques DeRome s'est réinventé toute sa vie et n'a jamais eu peur de relever des défis. Lorsqu’il était dans la cinquantaine, il s’est inscrit à l’université afin de réorienter sa vie professionnelle. Ce fut la meilleure décision de sa carrière. Récit d’un parcours bien garni!


Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?

Jacques DeRome: J’ai fait un parcours scolaire normal jusqu’à la douzième année. Ensuite, j’ai travaillé dans différentes affaires; j’ai vendu de la vaisselle de porte à porte, j’ai travaillé pour les balayeuses Electrolux, etc.

Après un certain temps, je suis allé dans un bureau d’emploi pour avoir des idées de ce que je pourrais faire. On m’a suggéré d’aller faire un cours en prospection parce que ça ouvrait la porte à du travail sur le gros chantier d’Hydro-Québec de l’époque, Manicouagan-Outardes. De fil en aiguille, j’ai suivi mon cours et j’ai commencé à travailler en tant qu’inspecteur en sols à Manic 3 et à Outardes 4.

Avenues.ca: Quelles étaient vos tâches en tant qu’inspecteur en sols?

J.D.: On se rendait en avion jusqu’à la rivière Moisie et là, on creusait des trous dans le sol pour localiser les dépôts de gravier et les différents produits dont ils avaient besoin pour faire le barrage.

Avenues.ca: Les conditions de travail étaient-elles bonnes?

J.D.: On était logés dans des tentes, mais la paye était bonne. Je mettais mon argent de côté parce que depuis que j’étais jeune, j’avais l’idée d’un commerce.

Avenues.ca: Vous vous êtes donc lancé en affaires après ce travail pour Hydro-Québec?

J.D.: Oui. Avec un ami mécanicien, j’ai ouvert une station-service. C’était en 1968, l’essence se vendait 30¢ le gallon. J’ai exploité ce commerce pendant huit ans. Ensuite, avec un autre partenaire, j’ai ouvert un garage indépendant de mécanique automobile, que j’ai aussi exploité pendant huit ans.

Photo prise sur la rivière Churchill pour le nouveau barrage Muskrat Falls.

Avenues.ca: Qu’avez-vous fait par la suite?

J.D.: J’ai vendu mes parts du garage et me suis acheté un terrain sur lequel j’ai construit ma maison et une fermette. Je me suis consacré à l’élevage de veaux et à la culture de foin et de grains, mais c’était plus un hobby qu’un travail. Pour avoir des revenus, ma femme et moi avons acheté un dépanneur. Nous l’avons exploité de 1984 à 1989.

Avenues.ca: Vous êtes-vous lancé dans une autre entreprise par la suite?

J.D.: Oui! J’ai acheté une rôtisserie avec une de mes sœurs. Nous avons exploité ce commerce pendant quatre ans et demi, puis j’ai vendu mes parts pour retourner travailler sur ma ferme.

Avenues.ca: Vous aviez quel âge à ce moment-là? Et sachant que la ferme n’était pas assez lucrative, quels étaient vos plans?

J.D.: J’étais au début de la cinquantaine et je ne voulais plus rien savoir des commerces. En regardant dans le journal, j’ai vu une annonce au sujet d’un cours en sécurité commerciale et industrielle offert par le gouvernement. Je me suis renseigné. C’était un cours intensif de six mois au Collège de Maisonneuve pour devenir agent de sécurité. Je me suis inscrit. J’ai complété les six mois de cours et j’ai été engagé comme agent de sécurité par l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Avenues.ca: Aimiez-vous ce travail?

J.D.: Oui. Après un an en tant qu’agent de sécurité, je suis monté sergent. Mon supérieur m’a ensuite suggéré d’aller faire un certificat à l’université en techniques de prévention des incendies. Grâce à sa lettre de recommandation, j’ai été accepté tout de suite. J’ai commencé mes cours dans ce programme, puis j’ai changé pour aller faire un certificat en gestion de la sécurité, qui m’intéressait davantage. Pendant que je faisais mes 30 crédits dans ce programme, un homme d’affaires avec qui je faisais des cours de judo m’a proposé de travailler pour lui.

Avenues.ca: Quelle était la nature du travail qu’il vous proposait?

J.D.: Il venait de mettre sur pied un gros commerce de géomembranes et voulait que j’assure la sécurité des lieux 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. J’ai organisé ça pour lui avec l’aide de mon employeur, Pinkerton, pour qui je travaillais à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Avenues.ca: Vous étiez donc très occupé…!

J.D.: Oui, en plus, toujours en continuant à travailler, j’ai commencé un autre certificat à l’université, cette fois-ci en santé et sécurité au travail.

Avenues.ca: Pourquoi avoir fait un autre certificat?

J.D.: Parce que ça allait me permettre de travailler en tant que consultant. J’étais rendu à 60 ans, c’était parfait comme ça. Je pouvais accepter les contrats que je voulais sans être obligé de répondre à toutes les demandes d’un seul employeur. Ça m’a permis de travailler sur différents chantiers, pour différentes entreprises, un peu partout au Québec, tout en me permettant une flexibilité d’horaire.

Avenues.ca: Ce changement de carrière ne vous a pas causé un certain stress financier?

J.D.: Non… non… j’ai une bonne épouse! (Rires.) Puisque ma maison était déjà payée, le stress était moins grand. J’ai aussi toujours bien géré mes finances.

Avenues.ca : Quelles sont les principales tâches d’un consultant en santé et sécurité au travail?

J.D.: Depuis l’application de la loi C-21 s.s.t., les compagnies sont dans l’obligation de fournir et mettre en application un plan de sécurité pour leurs travailleurs. Mon travail consiste donc à voir à l’application de ce plan sur les aires de travaux.

Avenues.ca: Travaillez-vous encore?

J.D.: Oui, j’ai encore un petit contrat pour une compagnie de construction. On m’a récemment proposé un contrat dans le Grand Nord, mais là, à 78 ans, avec la pandémie, je me tiens plus tranquille.

Avenues.ca: Pensez-vous arrêter bientôt?

J.D.: Non! J’ai été vacciné il y a un mois. J’attends ma deuxième dose et je vais me relancer. À 78 ans, continuer à travailler me donne un sentiment de contribution et me donne l’impression que je suis encore dans la game. Je ne suis pas pressé de me retrouver dans un CHSLD!

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