Photo: Jessica Ruscello, Unsplash
29 juin 2021Auteure : Julie Chaumont

De secrétaire à commerçante

À 52 ans, après avoir travaillé en secrétariat pendant de nombreuses années, Monique Dagenais est devenue propriétaire d’une boutique d’encadrement et laminage. Récit d’une femme qui a suivi sa fibre entrepreneuriale jusqu’au bout!


Avenues.ca: Quelles sont les grandes lignes de votre parcours scolaire et professionnel?

Monique Dagenais: J’ai fait mes études au pensionnat Notre-Dame-du-Saint-Rosaire à Côte-Saint-Paul, avec les religieuses de la congrégation Notre-Dame de Montréal. J’ai poursuivi mes études en lettres et sciences à l’Institut pédagogique de Montréal, dans Westmount. Je n’avais pas beaucoup de choix pour la suite. Dans les années 1954-1955, c’était le secrétariat, l’enseignement ou le cours pour devenir ce qu’on appelait « garde-malade ». J’ai opté pour le cours de secrétariat, qui était très prisé, car on y apprenait l’anglais. Après ma formation, j’ai tout de suite trouvé un poste de secrétaire pour une grande compagnie dont le siège social était à Montréal. J’y suis restée jusqu’à ce que je me marie.

Avenues.ca: Vous êtes ensuite, comme il était coutume de le faire à l’époque, restée à la maison pendant quelques années?

M.D.: Oui, c’est ça. Je suis restée à la maison le temps d’élever mes enfants. À 35 ans, j’ai complété un DEC de trois ans en sciences humaines, au moment où les adultes ont été admis avec les étudiants de jour. Cela a été une très belle expérience pour moi. Ensuite, à 40 ans, j’ai décidé de retourner sur le marché du travail. On était en 1977. J’ai été engagée comme secrétaire adjointe pour une compagnie spécialisée dans l’acier. J’y suis restée pendant sept ans.

Avenues.ca: Pourquoi avez-vous quitté cet emploi?

M.D.: Parce que j’habitais sur la Rive-Sud, à Chambly, et que la compagnie, qui était à Marieville, a déménagé son siège social à Montréal. J’ai fait le voyagement pendant deux ans avant de trouver que c’était trop pénible. J’avais alors 47 ans.

Avenues.ca: Qu’avez-vous décidé de faire par la suite?

M.D.: J’ai décidé d’ouvrir ma propre compagnie en traitement de textes. J’ai aménagé un bureau dans ma maison, j’ai trouvé des contrats, j’ai rencontré mes clients…

Avenues.ca: Un beau défi! Avez-vous trouvé ça difficile?

M.D.: Ça s’est bien passé. Je connaissais bien Chambly et les gens me connaissaient. J’étais membre de la Chambre de commerce de Chambly. J’étais très impliquée dans la communauté – j’ai été secrétaire et directrice de la Société d’histoire de Chambly pendant dix ans et secrétaire du Club de tennis St-Stephen de Chambly pendant autant d’années.

Avenues.ca: Vous ne manquiez donc pas de contrats?

M.D.: Oh non! J’étais connue, alors les gens me faisaient confiance. J’avais plein de clients : des bureaux d’avocats, des comptables, etc. En plus, je donnais de la formation aux futures secrétaires dans un bureau d’offres d’emploi, à Saint-Lambert. C’est moi qui ai monté le cours, que je donnais à quatre élèves deux fois par jour, trois jours par semaine. J’ai fait ça pendant deux ans et demi.

Avenues.ca: Pourquoi avez-vous arrêté?

M.D.: Mon mari commençait à voyager en Europe pour le travail et j’ai décidé de l’accompagner. Après avoir passé un été en Belgique, je suis revenue et j’ai repris le flambeau en achetant une boutique d’encadrement et laminage à Chambly. J’avais alors 52 ans.

Avenues.ca: Vous avez la fibre entrepreneuriale?

M.D.: Oh oui! J’ai ça dans le sang, le travail dans la vente. Mon grand-père paternel a fondé l’une des premières ferronneries (quincailleries) de Montréal, en 1903. On jouait au magasin, ma sœur et moi, quand on était petites.

Avenues.ca: Vous avez acheté une boutique déjà existante?

M.D.: Exactement! Je ne connaissais rien à l’encadrement ni au laminage, mais j’avais la promesse du propriétaire qu’il m’enseignerait les rudiments du métier. Je me suis dit: «Je vais apprendre. Ce n’est pas parce que j’ai plus de 50 ans que je ne suis plus capable.» Je me suis donc lancée dans cette aventure. Le laminage était très populaire à l’époque et la boutique avait un bon potentiel de clients. Après deux ans, les choses allaient si bien que j’ai ajouté du matériel d’artiste à mon inventaire.

Avenues.ca: Avez-vous aimé être commerçante?

M.D.: Certainement! Mon monde venait me voir pour faire faire ses laminages ! Ça m’a aussi permis de connaître plein de gens puisque j’étais la seule à offrir ce genre de services à Chambly.

Avenues.ca: Pourquoi avoir fermé?

M.D.: Le verglas a été un coup dur. J’ai dû fermer la boutique pendant un mois, ce qui a entraîné des pertes importantes de revenus. De plus, quelques mois plus tard, Omer DeSerres a ouvert une boutique sur la Rive-Sud. Je ne pouvais pas compétitionner avec ça! C’est à regret que j’ai dû fermer boutique… à 58 ans.

Avenues.ca: Qu’avez-vous fait par la suite?

M.D.: J’ai tout liquidé, puis j’ai occupé un emploi dans la vente aux Promenades St-Bruno et j’ai pris le temps de m’occuper de moi.

Avenues.ca: Vous êtes retraitée maintenant?

M.D.: Oui, je suis retraitée depuis l’âge de 62 ans. J’ai 82 ans maintenant et j’ai commencé à écrire ma vie, en suivant les capsules et les conseils de Janette Bertrand sur Internet. 

Vous avez vous aussi effectué un changement de carrière? Vous aimeriez partager votre histoire avec nous? Écrivez-nous!