6 décembre 2016Auteur : Maxime Johnson

Airbnb adoucit ses relations avec certaines villes

Airbnb a abandonné la confrontation à New York, Londres et Amsterdam. Le service de location temporaire de logements a plutôt choisi d’aider les gouvernements locaux à appliquer de nouvelles lois visant à encadrer le secteur. Que faut-il en conclure pour le Québec?



Airbnb est un site web fondé en 2008 permettant à un propriétaire ou à un locataire de louer sa demeure ou une pièce dans celle-ci à des touristes. Le service jouit d’une immense popularité, avec plus de 2 millions de logements à louer dans le monde. Selon les villes, Airbnb permet parfois de trouver un hébergement à un prix plus abordable qu’un hôtel, ou encore de demeurer dans des quartiers moins touristiques.

Au cours des dernières années, de nombreuses villes se sont opposées à ce site américain. On dit que Airbnb nuit à l’industrie touristique en place et on veut limiter les effets négatifs sur les logements locatifs des villes touristiques.

Alors que l’entreprise était au départ contre toute forme de restriction à son service, elle a légèrement adouci sa politique au fil des ans. Aibnb accepte notamment de facturer les taxes locales à chaque transaction dans certaines villes.

Cette ouverture est toutefois passée à un autre niveau au cours des derniers jours.

Fin des poursuites judiciaires à New York

Photo: Todd Quackenbush, Unsplash.
Photo: Todd Quackenbush, Unsplash.

En octobre dernier, Airbnb entame une poursuite contre la Ville et l’État de New York. L’entreprise s’oppose à l’entrée en vigueur d’une loi permettant de donner des infractions pouvant aller jusqu’à 7500$ US aux New-Yorkais qui louent illégalement leur logement. Airbnb a finalement abandonné sa poursuite la semaine dernière.

Selon une entente hors cour, la nouvelle loi permettra à la Ville de New York de poursuivre les citoyens eux-mêmes, mais pas Airbnb. Plus important encore, Airbnb aidera la Ville à appliquer la consigne «un hôte, une maison», qui vise à empêcher les New-Yorkais à annoncer plus d’un logement. Airbnb, une façon de louer son logement temporairement, pas de créer de véritables hôtels illégaux.

Selon le New York Times, il s’agit d’une victoire pour les opposants au site. New York est le marché américain le plus important pour l’entreprise basée à San Francisco.

Une limite de jours à Londres et Amsterdam

Amsterdam. Photo: Jace Grandinetti, Unsplash
Amsterdam. Photo: Jace Grandinetti, Unsplash

En Europe, Airbnb s’est entendu avec les Villes de Londres et d’Amsterdam pour accepter la responsabilité de faire respecter de nouvelles lois locales limitant le nombre de jours auxquels un utilisateur peut louer son logement par l’entremise du site.

Les utilisateurs seront donc limités à 90 jours par année à Londres et à 60 jours par année à Amsterdam, à moins d’obtenir un certificat de la ville (et être classé comme un établissement touristique, par exemple).

Le journal anglais The Guardian rapporte que la nouvelle politique pourrait avoir été mise en place pour permettre à l’entreprise de conserver son évaluation de 30 milliards $ US avant son éventuelle entrée en Bourse. Comme certains organismes l’ont mentionné au quotidien, il faudra évidemment attendre de voir si Airbnb appliquera réellement ses nouvelles politiques avant qu’ils puissent crier victoire.

Qu’en est-il au Québec?

Montréal. Photo: Pierre-Olivier Bourgeois, Unsplash.
Montréal. Photo: Pierre-Olivier Bourgeois, Unsplash.

Airbnb jouit d’une bonne popularité au Québec. 10 739 hôtes actifs sont répertoriés à Montréal uniquement en date de décembre 2016. De ce nombre, environ 1500 offriraient plus d’un logement en location.

Les utilisateurs d’Airbnb au Québec sont tenus de facturer les taxes à leurs locataires, mais le site ne permet pas de les prélever automatiquement, comme c’est le cas à d’autres endroits dans le monde.

Rappelons aussi que la province s’est dotée d’une loi l’année dernière, la Loi 67, visant à forcer les utilisateurs réguliers du site à s’enregistrer auprès de Tourisme Québec. Contrairement à Londres et Amsterdam, la loi entrée en vigueur en avril dernier ne définit toutefois pas ce qu’est un utilisateur régulier ou un utilisateur occasionnel. Ce sont plutôt aux inspecteurs de Tourisme Québec de déterminer le statut d’un hôte au cas par cas.

Voilà qui est dommage. Si l’ouverture d’Airbnb à faire appliquer les lois locales venait à se répandre à plus de villes au cours des prochains mois, et non à se limiter à quelques gros marchés dans le monde, le moment serait en effet parfait pour forcer le site à faire respecter la loi au Québec aussi. Peut-être faudra-t-il modifier la Loi 67 plus rapidement que prévu afin de profiter d’un système qui pourrait potentiellement être plus efficace et moins dispendieux que celui en place actuellement.

À condition bien sûr qu’Airbnb applique les règles pour vrai, et non simplement en apparence.