La richesse agricole de l'Arizona, malgré ses espaces désertiques, est surprenante. Photo: Véronique Leduc

Des fermes dans le désert

Quand on pense au désert américain, on imagine du sable, du soleil et des cactus, mais plus rarement des agrumes prêts à cueillir, des oliviers en santé et des vignobles prolifiques… Pourtant, en plein cœur du désert de Sonora, en Arizona, la région métropolitaine de Phoenix a tout ça sur ses terres résolument fertiles. 



Sous un soleil de plomb et une température de 35 degrés à l’ombre, il m’est difficile d’imaginer qu’une agriculture soit possible dans ce sol de sable brûlant, et ce, même si j’entends parler depuis quelques jours de l’eau fournie par le fleuve Colorado, des barrages et du savant système de canaux d’irrigation imaginé il y a près de 1000 ans par le peuple amérindien Hohokam et repris à notre ère.

Cette organisation, jumelée aux pluies qui arrosent parfois le désert, fait de la vallée du Soleil un terreau fertile. L’Arizona est d’ailleurs un des plus importants producteurs mondiaux de coton, une matière que l’État exporte partout.

L’alimentation n’est pas en reste: après le coton, les habitants parlent souvent avec fierté de leur production d’agrumes. Et il y a encore bien plus.

À la rencontre des producteurs  

Depuis l’an dernier, il est plus facile que jamais pour les visiteurs de réaliser la richesse de l’alimentation du secteur. Mesa, une ville de 500 000 habitants qui appartient à l’agglomération de Phoenix, a créé la Fresh Foodie Trail, une route agrotouristique qui relie une douzaine d’arrêts gourmands, pour la plupart des producteurs qui prônent l’agriculture biologique.

«Chaque ferme existait déjà et était ouverte au public, mais nous avons décidé de les relier ensemble pour mieux les mettre de l’avant», explique Michelle Streeter, responsable des communications pour Visit Mesa, en me tendant une belle brochure qui présente, entre autres, une ferme d’oranges, un jardin communautaire, une ferme laitière et un moulin à farine. On y retrouve aussi les horaires des marchés locaux, des sorties des camions de rue, des repas organisés au milieu des champs et des divers événements gourmands où, toujours, les aliments locaux sont les stars. Pour encore plus de simplicité, des hôtels du coin proposent même des circuits organisés qui mènent d’un arrêt à l’autre.

De notre côté, nous commençons les découvertes par un arrêt au Queen Creek Olive Mill, un producteur d’huile d’olive qui propose des visites guidées explicatives, une magnifique boutique et des tables sous les oliviers où on sert des planches de produits locaux bien arrosés… d’huile d’olive.

Photo: Facebook Queen Creek Olive Mill.
Perry et Brenda Rea, originaires de l’Ontario et du Québec, ont eu envie d’essayer de produire de l’huile d’olive dans le désert. Photo: Facebook Queen Creek Olive Mill.

Seul producteur d’huile d’olive de l’Arizona, le Queen Creek Olive Mill est le rêve un peu fou de Perry et Brenda Rea, originaires de l’Ontario et du Québec, qui, il y a 20 ans, ont eu envie d’essayer de produire de l’huile d’olive dans le désert. «Quand on y pense, nous sommes environ à la même latitude que l’Italie», explique sous l’ombre des oliviers une de leurs filles qui, comme deux autres des cinq enfants du couple, prend la relève de l’entreprise.

Pour le dessert, ce sera des pêches fraîchement cueillies. Parce qu’à quelques minutes des oliviers, nous retrouvons un vaste champ de pêchers aux Schnepf Farms, où les visiteurs peuvent remplir un sac de leur cueillette. «Il faut les choisir dorées et pas trop fermes», précise une employée avant de nous envoyer dans les rangs de pêchers bien garnis.

Des pêches à cueillir. Photo: Véronique Leduc
Des pêches à cueillir pour dessert. Photo: Véronique Leduc

Dernier arrêt: Agritopia, un quartier bâti autour de champs agricoles où on trouve des cafés, des terrasses et des restaurants à la mode. Au sein de cette communauté, le beau Garage-East, situé près d’un vaste jardin communautaire, est un bar à vins où on sert en fût des vins locaux et originaux. Derrière son bar, Brian Ruffentine, propriétaire des lieux et résident d’Agritopia, raconte qu’il a simplement eu envie de passer de pompier à vigneron. «Il y a près d’une centaine de vignobles en Arizona et j’ai eu envie d’essayer moi aussi», dit-il en faisant goûter son vinho verde, son spritz maison ou son vin orange pétillant.

Terres agricoles à Agritopia. Photo: Véronique Leduc
Terres agricoles à Agritopia. Photo: Véronique Leduc

De la ferme à la table

«Il y a un préjugé sur l’Arizona: les gens pensent que rien ne pousse et donc que la bouffe n’est pas très bonne. Mais de voir d’où viennent les aliments que cuisinent les chefs des restaurants du coin aide à comprendre notre richesse», explique Trish Lanteigne, responsable des relations médias pour l’organisation Visit Phoenix, après notre tournée de la Fresh Foodie Trail, sur la route désertique qui mène de nouveau à Phoenix.

En effet, c’est là qu’on comprend d’où viennent les guacamoles à se jeter par terre, les tacos débordant de légumes, les jus d’orange fraîchement pressés et les cartes des vins locaux élaborées qu’on nous propose depuis trois jours dans les différents restaurants visités.

Les tacos sont très populaires dans les environs de Phoenix. Photo: Véronique Leduc
Les tacos sont très populaires dans les environs de Phoenix. Photo: Véronique Leduc

Malgré tout, je reste perplexe. Est-ce que l’eau, au milieu du désert, est une ressource en danger? Michelle Streeter me rassure: selon elle, l’Arizona vend même de l’eau à la Californie, qui elle, en manque parfois. Le plus grand défi de la région sera peut-être surtout de bien gérer les ressources au regard de la croissance rapide de Phoenix, une des mégapoles américaines qui croît le plus rapidement depuis quelques années.

Une chose est sûre: je ne m’attendais pas à une telle diversité ni à des aliments d’une telle qualité au milieu du désert. Preuve qu’il faut parfois aller voir de plus près certaines oasis pour s’assurer qu’elles ne sont pas des mirages.

Planches de dégustation du restaurant Postino. Photo: Véronique Leduc
Planches de dégustation du restaurant Postino. Photo: Véronique Leduc

Ce voyage a été rendu possible grâce à VisitPhoenix.