Photo: Marie Chalifour, Flickr

8 choses que vous ne savez (peut-être) pas à propos du carré Saint-Louis

Quartier de prédilection de la bourgeoisie canadienne-française au début des années 1800, le carré ou square Saint-Louis est aussi associé à de nombreux artistes. Les maisons d’inspiration victorienne construites entre 1850 et 1910 témoignent de l’engouement de l’élite de l’époque pour ce style. Quartier mythique, ses façades colorées en font l’un des décors favoris des touristes.


1- Le square Saint-Louis a été baptisé «Saint-Louis» en l’honneur de deux frères entrepreneurs

Situé entre la rue Sherbrooke et l’avenue des Pins, la rue Saint-Denis et l’avenue Laval, le square fait partie du Plateau Mont-Royal. Autrefois, un réservoir d’eau municipal se trouvait à son emplacement. «Au milieu du XIXe siècle, ce site a accueilli le premier réservoir d’eau de la Ville de Montréal dans ce secteur, appelé réservoir de la Côte-à-Baron ou réservoir Jean-Baptiste», souligne le Bureau d’art public. La fontaine en fonte de fer qu’on peut voir au centre du bassin a été commandée par catalogue à New York. De 1850 à 1931, elle se trouvait au square Viger. C’est le prolongement de la rue Berri qui a entraîné son déménagement. Le square porte le nom de deux frères qui ont érigé treize bâtiments autour du square.

Photo: Guilhem Vellut, Flickr

2- Émile Nelligan a grandi au 3683, rue Laval

On connaît le destin tragique d’Émile Nelligan, interné dans un asile psychiatrique en août 1899, à l’âge de 20 ans, dont il ne sortira pas vivant. Son buste trône dans le parc Saint-Louis, non loin de la rue où il a passé son enfance et son adolescence. L’opéra Nelligan est également né dans le quartier. Le compositeur André Gagnon a d’ailleurs déjà vécu dans la maison de la famille Nelligan.

Le buste du poète Émile Nelligan trône dans le parc Saint-Louis, non loin de la rue où il a passé son enfance et son adolescence. Photo: Kenn Chaplin, Flickr

3- D’autres poètes sont aussi associés au quartier

Considéré comme le premier poète national, Octave Crémazie a aussi un monument en son honneur, inauguré en 1906 par un autre poète, Louis Fréchette, devant 30 000 personnes. L’écrivain et historien de la littérature Gaëtan Dostie attribue à ce dernier l’engouement des artistes pour le secteur. «Le carré a toujours été le centre d’un univers absolument étonnant, explique-t-il dans le documentaire Carré Saint-Louis: une histoire populaire. Probablement que ça commence avec l’arrivée de Louis Fréchette en 1882.»

Fréchette, qui s’installe rue Sherbrooke, tiendra salon. «Ça va donner des idées aux jeunes, poursuit M. Dostie. Vers 1893, un groupe va former le club des Six Éponges et en 1895, ils vont s’appeler l’École littéraire de Montréal. Ce n’était pas pour enseigner: c’était un groupe d’émulation. Sur 45 membres dans toute l’histoire de cette école littéraire, 31 vivaient sur le Plateau et 12 vivaient à l’entour du carré.»

Photo: Guilhem Vellut, Flickr

4- En 1962, une chanson intitulée Carré Saint-Louis joue constamment à la radio

Après avoir notamment fait partie de la troupe de Jean Grimaldi au Théâtre Canadien et chanté sur la scène du Théâtre Mogador à Paris, Paolo Noël a connu le succès à la radio avec différentes pièces, dont Carré Saint-Louis. Très présent, l’accordéon rappelle la capitale française.

5- De nombreux artistes marquants ont vécu autour du carré Saint-Louis

Quand les bourgeois se sont déplacés vers Outremont, les artistes et les hippies se sont peu à peu installés autour du carré Saint-Louis. Dans les années 1960, plusieurs sont devenus propriétaires des maisons victoriennes du quartier pour une bouchée de pain. Pauline Julien et Gérald Godin étaient réputés pour y donner des fêtes mémorables et accueillir de nombreux poètes de passage. Réjean Ducharme faisait partie de leurs intimes. Il conduisait un taxi la nuit et s’arrêtait chez eux pour prendre un café le matin venu. Ce sont eux qui lui ont inspiré L’hiver de force.

Gaston Miron est quant à lui arrivé dans le secteur en 1968, à l’âge de 40 ans. C’est ici qu’il a élevé sa fille, seul, avec l’aide du voisinage. L’écrivaine Denise Boucher y a pour sa part écrit de nombreuses chansons pour Pauline Julien, Gerry Boulet et Louise Forestier. Gilles Carle y a également résidé.

Plusieurs artistes, dont Pauline Julien, au carré Saint-Louis. Photo: Facebook Orchestre symphonique régional de l'Abitibi-Témiscamingue

6- C’est sur un banc du parc que Dany Laferrière a écrit son premier roman

Le carré Saint-Louis occupe une place importante dans la légende de Dany Laferrière. C’est ici qu’il a emménagé dans son premier appartement montréalais en 1976, en colocation avec un ami qui est devenu le personnage principal de Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer. Écrit sur un banc du parc, son roman a été le premier livre mis en vente par Françoise Careil à la Librairie du Square, rue Saint-Denis. Un de ses manuscrits s’est aussi perdu dans une benne à ordure, comme il l’a raconté à Radio Canada International.

«Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer»,  écrit sur un banc du parc du carré Saint-Louis, a été le premier livre de Dany Laferrière mis en vente à la Librairie du Square, rue Saint-Denis. Photo: Facebook Librairie du Square - Carré Saint-Louis

7- La rue Prince-Arthur est un ancien réservoir de l’aqueduc de Montréal

La rue piétonne qui débouche sur le square Saint-Louis est un ancien réservoir de l’aqueduc acquis par la Ville en 1848. «En déambulant rue Prince-Arthur, le piéton retiendra trois images, résume le site de la Ville de Montréal. La première, résidentielle et petite-bourgeoise est caractérisée par l’architecture victorienne. La deuxième est d’une période plus moderne et bétonnée, et la troisième, commerciale et dynamique, surtout les jours de beau temps. Avant les années 1970, cette rue était surtout résidentielle et, malgré son architecture intéressante, elle attirait peu l’attention. Depuis lors, de nombreux commerces, bars branchés et restaurants y attirent une population de plus en plus variée.»

La rue Prince-Arthur, qui débouche sur le square Saint-Louis, est un ancien réservoir de l’aqueduc acquis par la Ville en 1848. Photo: Shinya Suzuki, Flickr

8- Le documentaire Carré Saint-Louis: une histoire populaire fait revivre plusieurs icônes du quartier

Réalisé en 2019, ce documentaire d’Hélène Choquette revisite le passé artistique du quartier. À travers une multitude d’anecdotes racontées, entre autres, par Louise Latraverse, qui est venue s’y installer après avoir vécu à New York et y est restée 22 ans, et le critique musical Claude Gingras, le film s’attarde à des moments clés de son histoire et relate certains moments qui ont contribué à la création de son mythe.

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