Photo: Yousef Alfuhigi, Unsplash
8 juin 2020Auteure : Marie-Julie Gagnon

Quarantaine ou pas quarantaine?

Oui, des voyageurs continuent de transiter par les quatre seuls aéroports autorisés à opérer au Canada depuis le 21 mars, dont Pierre-Elliott Trudeau. Dès leur arrivée au pays, ils doivent s’auto-isoler, qu’ils aient ou non des symptômes similaires à ceux de la COVID-19. Mais comment s’assurer qu’ils le font vraiment?



D’abord, rappelons que le gouvernement du Canada a mis en place un décret d’urgence en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine. Il s’applique à tous les voyageurs entrant au pays. La gestion des passagers aux arrivées en territoire canadien est faite par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

«Le gouvernement du Canada a mis en place des mesures d’urgence en vigueur depuis le 26 mars 2020, qui exigent que toute personne qui entre au Canada s’isole obligatoirement pendant 14 jours, et ce, même si la personne ne présente pas de symptômes de la COVID-19, résume Marie-Claude Desgagnés, conseillère Affaires publiques pour Aéroports de Montréal. Donc tout voyageur qui provient de l’étranger (incluant les États-Unis) doit obligatoirement s’isoler. Plusieurs messages à cet effet sont diffusés via nos outils de communication avec les passagers dans l’aérogare, par exemple dans les écrans multimédias.»

Normalement, près de 600 vols de passagers atterrissent et décollent chaque jour à YUL. Moins d’une cinquantaine étaient opérés quotidiennement en mai dernier selon Aéroports de Montréal. «Il s’agit de vols intérieurs et internationaux, en plus d’une trentaine de vols privés», précise Marie-Claude Desgagnés.

«Les passagers doivent notamment fournir aux agents leur plan de quarantaine, poursuit-elle. S’ils n’ont pas de plan, ils sont pris en charge par l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).»

Qui fait des voyages «essentiels»?

Qui sont ces passagers qui voyagent alors que tout le monde reste sagement à la maison? Selon Marie-Claude Desgagnés, «ce sont des citoyens canadiens qui étaient à l’étranger et qui souhaitent rentrer à la maison, des étudiants étrangers qui ont terminé leur session au Québec et qui retournent chez eux, des gens autorisés à voyager par le programme du gouvernement canadien tel que les travailleurs essentiels, travailleurs saisonniers, corps diplomatique ou autres».

Louis-Carl Brissette-Lesage, porte-parole, relation avec les médias de l’Agence des services frontaliers du Canada, ajoute qu’on trouve aussi «des personnes en bonne santé qui doivent traverser la frontière pour se rendre au travail ou pour d’autres motifs essentiels, tels que les soins médicaux».

Dès l’arrivée au Canada, les voyageurs entrant par voie aérienne ou terrestre sont tenus de fournir des informations de base en utilisant le formulaire de coordonnées des voyageurs par le biais de l’application mobile ArriveCAN, d’un formulaire accessible en ligne ou d’un formulaire papier. Ils doivent se soumettre à un contrôle par un agent des services frontaliers ou un agent de quarantaine pour évaluer les symptômes.

Au besoin, une attention médicale immédiate est fournie à leur arrivée au Canada, explique le gouvernement du Canada. Les voyageurs qui n’ont pas de moyen de transport privé ou d’endroit adéquat où s’isoler pendant 14 jours peuvent le faire dans une installation désignée par l’administratrice en chef de la santé publique du Canada.

Le non-respect des consignes constitue une infraction au titre de la Loi sur la mise en quarantaine qui peut donner lieu à 6 mois d’emprisonnement et/ou 750 000 $ d’amende. Photo: Yousef Alfuhigi, Unsplash

Des conséquences lourdes

Dans la section consacrée à la COVID-19 de Canada.ca, on peut lire que «le non-respect des consignes que vous recevrez à votre arrivée au Canada constitue une infraction au titre de la Loi sur la mise en quarantaine qui peut donner lieu à 6 mois d’emprisonnement et/ou 750 000 $ d’amende».

Le gouvernement du Canada indique clairement que «quiconque, en contrevenant intentionnellement ou par insouciance à cette loi ou aux règlements, expose autrui à un danger imminent de mort ou de blessures graves encourt une amende maximale de 1 000 000 $ ou un emprisonnement maximal de 3 ans ou les deux peines susmentionnées».

La Loi sur les contraventions a par ailleurs été modifiée dans le but de donner à la police – y compris la GRC et les services de police provinciaux et locaux – plus de pouvoirs pour appliquer la Loi sur la mise en quarantaine. Les policiers peuvent donner des contraventions aux personnes qui ne respectent pas la Loi. Les amendes varient de 275 $ à 1 000 $. Radio-Canada a toutefois rapporté à la fin du mois d’avril que les autorités n’ont pas eu recours à l’artillerie lourde.

Et les quarantaines au Québec?

Bien que les autorités de certaines régions demandent aux visiteurs de la communauté métropolitaine de Montréal de s’auto-isoler pendant 14 jours dès leur arrivée, comme l’a aussi réclamé la mairesse de Saguenay, Josée Néron, il n’y a, pour le moment, pas de règle stricte en ce sens. La Direction de la santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine a d’ailleurs levé la quarantaine sur l’archipel deux semaines plus tôt que prévu, a rapporté Radio-Canada.

Lors de la conférence de presse du 27 mai dernier, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a mentionné que bien que la Santé publique déconseille les déplacements d’une région à l’autre, ils ne sont pas interdits par décret. Par contre, mieux vaut privilégier les déplacements directs et éviter les contacts avec le milieu. Il est actuellement toujours recommandé de privilégier le tourisme intrarégional.

(Sources: Aéroports de Montréal, l’Agence des services frontaliers du Canada [ASFC] et l’Agence de la santé publique du Canada [ASPC], Radio-Canada, ministère du Tourisme du Québec.)