Image: Don de Mme William R. Bentham © Musée McCord

Des remèdes miracles… pas si miraculeux!

Depuis le début de la crise de la COVID-19, les autorités sanitaires émettent des avertissements contre les supposés remèdes miracles. Certaines personnes se sont même intoxiquées en tentant de se soigner avec des remèdes qui n’ont pas été cliniquement prouvés. On s’étonne que ce type de supercheries trouvent encore écho à notre époque de médias de masse au sein d’une population généralement éduquée.



Vers la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, malgré les progrès de la médecine et de la pharmacologie, l’automédication demeurait la principale manière de traiter les maladies, notamment avec les populaires vins tonifiants. Plusieurs commerçants avides en profitaient pour proposer des produits thérapeutiques douteux. Comme vous le constaterez, c’était bien avant l’homologation des médicaments et la loi 101!

1- Publicité pour le vin des pères trappistes d'Oka, 1905

Image: Archives de la Ville de Montréal

2- Vin à l’Ipécacuanha, 1850-1900

L'Ipécacuanha est un produit thérapeutique exotique très populaire que l’on mélangeait à une grande variété de vins et de sirops. En forte dose, son principe actif, l'émétine, provoque des vomissements, ce qui permet d'évacuer la bile, et de rétablir, pense-t-on, l'équilibre des humeurs. Il y a aussi une recette curieuse qui consiste à mélanger du suif de mouton dans du lait chaud contenant de l'Ipécacuanha que l'on applique en friction sur la poitrine.

Image: Don de Mme William R. Bentham © Musée McCord

3- Remède Dwight's contre le choléra, 1850-1900

La première épidémie de choléra survient en 1832 et s'étend rapidement au Canada. Bien qu’il n’existe alors aucun remède, il y a des opportunistes qui prétendent avoir trouvé le remède miracle.

Cette trousse de médicaments contient aussi des remèdes largement utilisés par les médecins de famille au 19e siècle. On y trouve différents types de pilules (pilules «antibilieuses», pilules de camphre); un sirop; des vins médicinaux (vin antimonial, vin d'Ipécacuanha); un élixir; des produits anesthésiants et calmants (l'éther, le chloroforme) et des produits analgésiques qui atténuent la douleur (la morphine et le laudanum, qui est un vin à base d'opium). La trousse contient aussi un parégorique qui est une teinture de camphre connue comme antidiarrhéique puissant.

Image: Don de Mrs William R. Bentham © Musée McCord

4- Étiquette commerciale des pilules de fer Gardner, 1850-1885

Des pilules spécialement conçues pour guérir les «maladies féminines» et les «affections inhérentes au beau sexe» (douleurs menstruelles, effets de la ménopause, etc.) étaient très populaires au 19e siècle.

Image: Don de M. David Ross McCord  © Musée McCord

5- La créatrice du composé végétal de Lydia E. Pinkham, le grand remède pour les maladies de femmes.

Image: BAnQ

6- Étiquette commerciale des pilules végétales indiennes de Bowman, 1850-1885

Le mythe de l'Autochtone synonyme de force et de santé était largement utilisé pour la commercialisation de remède. On misait sur son savoir-faire ancestral en matière de plantes médicinales et sur l'aura de mystère et de magie qui entourait la préparation de ces produits naturels.

Image: Don de M. David Ross McCord  © Musée McCord

7- Remède pour les reins F.E.G., vers 1887

Image: Bibliothèque du Congrès

8- Vermifuge du Dr D. Jayne's, 1889

Image: Bibliothèque du Congrès

9- Publicité pour un remède contre le mal de tête, 1904

Image: Archives de la Ville de Montréal

10- Tablettes Mathieu's Nervine, Sherbrooke, 1900-1925

Image: Don de Mr. Eddy Echenberg © Musée McCord

11- Extrait de bœuf liquide et tonique Liebig, 1850-1885

Des toniques de toutes sortes, notamment à base d'extraits de bœuf, sont très répandus et largement publicisés au 19e siècle. Le concentré de bœuf sert particulièrement à «régénérer» et à «enrichir» le sang.

Image: Don de M. David Ross McCord  © Musée McCor

12- Brazill's VO Brandy, 1900-1925, 19e siècle

En milieu hospitalier, le cognac ou le brandy sont largement consommés. Leurs propriétés tonifiantes bien connues augmentent les pulsations et préviennent les arrêts cardiaques lors des interventions chirurgicales. Après l'opération, et pendant plusieurs jours, on administre du brandy qui est combiné, selon le type d'intervention, à des doses d'opium ou de morphine.

Image: Don de BCE inc. © Musée McCord

13- Publicité mettant l'accent sur les vertus «toniques» d'un vin, 1904

Image: Archives de la Ville de Montréal

14- Bière, G. Reinhardt & Sons, 1850-1885

Les bières de houblon, d'épinette ou de gingembre étaient considérées comme des produits médicinaux possédant des propriétés spécifiques. Elles pouvaient servir de cataplasme: pour soigner certains abcès, il s'agit simplement d'appliquer une tranche de pain imbibée de bière froide que l'on enveloppe dans un linge. Certains prétendaient que d'ajouter quelques gouttes d'opium dans un verre de bière fraîche guérissait la mélancolie.

Image: Don de David Ross McCord  © Musée McCord

15- Remède au céleri pour les maladies du système nerveux, 1896

Célèbre pour ses publicités tapageuses, le Paine's Celery était préconisé contre les troubles nerveux (surtout chez les femmes), la mélancolie, les malaises du foie, les rhumatismes et les troubles digestifs.

Image: © Musée McCord

16- «Les médecins et les spécialistes ont échoué! Les gens disent que c'est un miracle!», 1896

Le fabricant du Paine's Celery utilisait une technique très répandue en annonçant une guérison miraculeuse. À la fin du 19e siècle, des actions seront entreprises par plusieurs corps médicaux du Canada pour obtenir l'interdiction de ce type de publicité, mais il faudra attendre le début du 20e siècle avant que le gouvernement fédéral n'oblige les fabricants à mentionner les usages thérapeutiques, le dosage et la liste des ingrédients utilisés.

Image: © Musée McCord

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