15 octobre 2015Auteure : Marie-Julie Gagnon

Oman: du désert à la mer

Devant moi, le soleil étire doucement ses premiers rayons. Sous leurs caresses, les dunes se parent peu à peu de reflets dorés. J’aperçois le campement, au loin. Des maisonnettes disposées en cercle au milieu du désert. J’ai quitté la mienne alors qu’il faisait encore nuit pour escalader les murs de sable. Il me tardait d’assister à ce spectacle dont je rêvais depuis si longtemps ! De voir mon ombre danser au rythme de mes pas sur le sol moelleux. De me draper dans la lumière du matin comme on se glisse sous les couvertures un soir de janvier.



Un frisson. J’avance lentement, alors que le soleil nimbe timidement l’horizon cuivré. J’attends qu’il m’enlace enfin. J’ai froid, moi! Mais non, il prend bien son temps, me rappelant ces chats qui se cambrent à l’infini avant de se remettre en boule pour une énième sieste.

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Photo: Sarah Bergeron-Ouellet

Quand il ose enfin se montrer en entier, je me laisse choir sur le sable. Une seconde. Une éternité. La chaleur, enfin. Suspendue entre ciel et terre, je savoure ce silence et cet espace si grand qu’il me donne le vertige. Un grain de sable égaré dans sa course folle. Wahiba, mon premier désert au petit matin.

Un secret encore bien gardé

Je me balade dans l’Orient des mille et une nuits. Encore méconnu, Oman s’ouvre lentement au reste du monde. À l’instar de ses voisins, le sultanat a connu un développement spectaculaire à cause du pétrole. Les ressources naturelles n’étant pas éternelles, le filon touristique est de plus en plus exploité. On est encore loin de la folie de Dubaï et Abou Dhabi, villes vedettes du pays voisin, mais on y trouve tout de même un Tim Hortons depuis 2012…

Le pays de Sinbad le marin m’amène de surprise en surprise. Alors que je me perds dans l’infinité désertique, la mer surgit au-delà d’une montagne rocailleuse. Le matin, je marche sur une plage paisible et l’après-midi, je roule sur la lune. C’est bien la lune, ces monts chauves recouverts d’une perruque de cailloux?

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Un peu plus loin, une palmeraie. Sont-ce des arbres à encens, qui ont permis aux commerçants de s’enrichir il y a 2000 ans, là-bas? Peu probable, puisqu’ils poussent plutôt dans la province du Dhofar, plus près du Yémen…

Du gris, du beige, du vert. Des touches pastel peintes çà et là sur une toile dont on a parfois du mal à apercevoir les contours. Et puis, il y a Mascate, toute de blanc vêtue, comme l’a rêvée le sultan Qabus ibn Saïd. Mascate, que j’aurai à peine le temps d’entrevoir après l’incontournable visite de la mosquée.

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Un monde

Un arrêt à Wadi Bani Khalid, l’oasis la plus réputée de la région de Sharqiyah, me rappelle que je suis bel et bien en terre islamique. Les hommes, vêtus de dishdashas, grandes robes blanches traditionnelles, détournent les yeux en apercevant un peu trop de chair. Les femmes se baignent toute habillées. Des touristes en bikini s’éloignent pour ne pas choquer. Oui, je suis loin de chez moi.

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Je le réalise encore davantage quand mon guide, Rachid, au volant du 4X4 dans lequel je prends place en compagnie de deux collègues, s’amuse à faire tanguer le véhicule dans les sillons ensablés avec un peu trop d’enthousiasme. Terrorisée, je l’implore de cesser son manège. Le «dune bashing», très peu pour moi !  Pour toute réponse, il lâche un rire tonitruant. Il faudra qu’un copain intervienne pour qu’il accepte de ralentir enfin. Manifestement, il a encore peu l’habitude des touristes occidentales qui n’ont pas la langue dans leur poche.

Oman authentique

Les Romains surnommaient Oman «l’Arabie heureuse». Même si elle se fait de plus en plus moderne, on sent parfois quelques soubresauts du passé. Chose certaine, elle reste proche de ses racines. « À bien des égards, Oman demeure le pays le plus traditionnel du Golfe, mais le sultanat s'avère souvent plus ouvert sur l'extérieur qu'on pourrait le croire», résume Lonely Planet. Les Bédoins, habitants du désert qui m’ont toujours fascinée, semblent avoir bien compris les avantages du tourisme, accueillant ces derniers dans leurs maisons traditionnelles avec quelques babioles à vendre.

Comme partout dans la région, les hôtels de luxe se livrent à une véritable surenchère. Au Shangri-La, je cède à l’appel de la piscine infinie, moi qui déteste généralement faire trempette ailleurs que dans la mer. Au Grand Hyatt, je me gave de fruits faits au petit déjeuner après une promenade au bord de l’eau. Je vois défiler des gens de tous horizons, sans toutefois ressentir la frénésie d’Abou Dhabi, visitée quelques mois plus tôt. Le luxe, oui, mais la démesure, on la laisse aux autres.

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Chose certaine, le sultanat d’Oman est à visiter maintenant, avant que le regard des touristes avides de nouveautés se tournent vers ses déserts et ses wadis. Un secret qu’on partagera ensuite avec parcimonie, histoire de pouvoir savourer silence et espace le plus longtemps possible…

S’y rendre

Il est plus facile que jamais de s’y rendre avec tous les vols disponibles depuis le Canada. Qatar Airways propose un vol direct Montréal-Doha. Il suffit d’un court vol pour atterir ensuite à Mascate.

Dormir

• J’ai passé une nuit au campement Sama Al Wasil, dans les dunes Wahiba. Pas le plus confortable, mais abordable. Si vous avez envie d’un peu plus de luxe, Desert Nights Camp risque de bien s’accorder à vos rêves de mille et une nuits.

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• À Mascate, j’ai particulièrement aimé le Shangri-La Barr Al Jissah Resort & spa et ses vues quasi irréelles. Le Grand Hyatt est aussi un bon choix.

Pratico-pratique

• Oman partage des frontières avec les Émirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite et le Yémen.

• La majorité des habitants sont musulmans.

• La période la plus agréable est entre octobre et mars, alors que les températures sont plus douces.

• Les Omanais conduisent vite! Si vous prenez le volant, mieux vaut être prévenu.

• Il est possible de voyager en petit groupe ou d’avoir un chauffeur privé. C’est sans doute la manière la plus simple et agréable de découvrir le pays.

• La semaine de travail s’étend du dimanche au jeudi.

• Le coût de la vie est comparable à celui de l’Europe. Par contre, la nourriture et le transport en commun sont bon marché et l’entrée aux musées et aux forts est gratuite.

• Les ressortissants canadiens doivent se procurer un visa pour entrer à Oman. On peut se le procurer en arrivant à l’aéroport international de Mascate.

• Au moment de rédiger ces lignes, le gouvernement du Canada n’avait émis aucun avertissement en vigueur pour l’ensemble d’Oman. «Il convient toutefois de faire preuve d’une grande prudence en raison de manifestations possiblement violentes et de menaces terroristes localisées, particulièrement près de la frontière commune avec le Yémen.» Pour connaître tous les détails à propos de la santé et de la sécurité, consultez les Conseils et avertissements du Gouvernement du Canada.

• À voir pour vous mettre dans l’ambiance : le documentaire Oman civilisation à travers l’histoire, disponible sur YouTube.

Notre journaliste était l’invitée de Qatar Airways.


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