La chronique Vins et alcools avec Jessica Harnois

Auteur(e)

Jessica Harnois

Sommelière et animatrice, Jessica Harnois a travaillé pour les plus grands établissements au monde, a occupé le poste de sommelière en chef à titre d’acheteuse de vins pour les Services SAQ Signature, a été responsable du Courrier vinicole et de la prestigieuse Cave de garde de la SAQ, en plus d’avoir été présidente de l’Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et Vice-Présidente de l’APAS (Alliance Pan-Américaine des Sommeliers). Avec l’agence d’animation Vins au Féminin, elle a conceptualisé le jeu Dégustation Vegas qui démocratise le vin. Vous pouvez la voir à la télé, l’entendre à la radio et la lire dans plusieurs magazines.

Vins équitables, pour boire en respectant ses valeurs

Lorsqu’on achète une bouteille de vin d’un producteur québécois, on se doute bien que les conditions de travail sur le vignoble sont équitables. Et c’est parfait ainsi. Mais qu’en est-il lorsqu’on achète du vin qui provient de régions du monde où les conditions de travail sont moins réglementées? Où les travailleurs sont surtout des immigrants? Où il n’existe pas de normes du travail? Comme pour tout produit commercial vendu en quantités titanesques, le raisin peut parfois être cultivé dans des conditions douteuses, voire révoltantes.



C’est pourquoi on retrouve des certifications équitables dans l’univers des vins et spiritueux. Sur environ 49 producteurs de vins certifiés dans le monde, 28 sont situés en Afrique du Sud et 9 au Chili. À eux deux, ces pays incluent plus des trois quarts des producteurs certifiés éthiques. C’est dire qu’il y avait là un besoin criant, alors que de plus en plus de gens dénoncent les abus dont sont victimes les ouvriers agricoles.

Pour pouvoir être considérée comme éthique, une entreprise doit prendre en compte plusieurs facteurs, dont le respect des droits des travailleurs, l’approvisionnement en eau responsable et le refus d’utiliser des pesticides. Même si les produits provenant de telles entreprises sont encore peu nombreux sur les tablettes de la SAQ, il est inspirant de découvrir des vins et spiritueux issus de ces initiatives qui visent à changer les normes d’une immense industrie.

Cape Venture Lubanzi Rouge 2017

Lubanzi est né de l’histoire de deux amis américains, Charles Brain et Walker Brown, qui s’attachent à un coin de pays à l’autre bout du monde, soit la côte sud-africaine, pendant un voyage en backpacking. Un chien rencontré en cours de route, Lubanzi, leur inspirera le nom de leur entreprise. Les cépages qui composent leur vin proviennent de petits producteurs éparpillés le long de la côte. La responsabilité sociale est au cœur de leur philosophie. Ainsi, 50% de leurs profits retournent dans les familles qui travaillent dans les vignobles d’Afrique du Sud.

Cet assemblage arrivé depuis peu sur les tablettes de la SAQ est composé de shiraz, grenache, mourvèdre, cinsault et d’une touche de carignan. Comme on pourrait s’y attendre, et comme annoncé par sa robe rubis foncé, on retrouve dans ce vin des notes de fruits rouges et de fruits noirs, auxquelles s’ajoute une touche d’épices. C’est bien balancé, avec une belle fraîcheur et une finale agréable.

50% des profits de Lubanzi retournent dans les familles qui travaillent dans les vignobles d’Afrique du Sud. Photo: SAQ.com

Cape Venture Lubanzi Rouge 2017. Vin rouge, 750 ml. 19,05$.

Emiliana Novas Syrah Mourvèdre 2016

La maison chilienne Emiliana se distingue par ses initiatives durables et éthiques. Même s’il n’est pas certifié équitable, le domaine multiplie les initiatives sociales. Ainsi, beaucoup d’efforts sont investis dans les communautés des ouvriers qui travaillent sur les vignobles, notamment par le biais de formations continues, de jardins biologiques et de bourses d’études. Tous leurs vins sont en revanche certifiés biologiques et biodynamiques. Les employés ne sont donc pas exposés aux pesticides, un autre élément qui joue en leur faveur.

Vous pourrez savourer ce beau vin à la robe rubis en toute quiétude, car en plus d’être éthique, il est d’une grande qualité. Cultivés dans la vallée de Cachapoal, entre les Andes et le Pacifique, les raisins profitent de l’été chaud et sec pour atteindre leur pleine maturité. Il en résulte un vin exubérant, tant au nez qu’en bouche, avec des notes de prunes et de cerises et des notes secondaires de chocolat et de tabac. Les tanins sont élégants et veloutés. Parfait pour accompagner le gibier.

Vous pourrez savourer ce vin en toute quiétude, car en plus d’être éthique, il est d’une grande qualité. Photo: SAQ.com

Emiliana Novas Syrah Mourvèdre 2016. Vin rouge, 750 ml. 17,95$.

Fair Quinoa Eau-de-vie de Quinoa

Voilà un produit qui fera jaser lorsque vous le sortirez pour l’apéro ou l’entrée. Les matières premières de cette boisson sont le blé et le quinoa. Ce dernier est certifié équitable et bio. Il est importé de Bolivie pour ensuite être transformé par deux distillateurs français. C’est la compagnie FAIR qui a élaboré cet alcool après quelques années de recherche. Elle a aussi élaboré deux rhums et un gin, en plus de liqueurs aux saveurs variées et originales, comme la baie de goji, le kumquat ou encore l’açaï.

On a affaire ici à un alcool rond et soyeux qu’on se doit de servir très frais. Cette eau-de-vie s’apparente à une vodka. Elle a reçu de nombreuses médailles, dont une d’argent au SF World Spirits Competition en 2011. Sortez-la directement du congélateur pour accompagner huîtres et gravlax de saumon. Et, peut-être, pour lancer une discussion sur le commerce équitable!

Photo: SAQ.com

Fair Quinoa Eau-de-vie de Quinoa. Vodka, 750 ml. 50$.