La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Un pas à la fois

Il m’a fallu aller loin pour faire mes premiers pas. En Thaïlande, pour être plus précise. Avant, j’étais surtout une marcheuse urbaine. L’été, j’arpentais Montréal de long en large, peu importe les distances à parcourir. Lors de ce voyage en Thaïlande, j’ai eu envie d’aller voir les villages des montagnes inaccessibles par la route. Un premier pas dans la forêt pluviale. Puis un autre. Et tant d’autres…

Ce voyage a provoqué un déclic. Ce n’est pas parce que je vis sur un continent obsédé par les voitures qu’il en est ainsi partout sur la planète. Depuis, je saisis toutes les occasions pour découvrir le monde à pied. Chaque fois que je vais en Europe, particulièrement en Suisse, je suis fascinée par la facilité de combiner train et marche pour se déplacer.

La marche, un mode de vie



Je ne suis ni une trekkeuse de haute montagne, ni une accro des défis extrêmes. Vous ne me verrez pas gravir le Kilimandjaro et encore moins gambader dans la neige. Ma drogue, moi, c’est le mouvement. C’est quand je marche (ou cours) que surgissent ces flashs qui se transforment en livres. J’ai les jambes dans la tête, il faut croire. Ce sont elles qui font avancer mes idées.

J’aime marcher quand l’air chaud et humide me rappelle que mes cheveux ondulent, sentir ma peau suinter, comme si mes pores produisaient une sorte de bruine de l’intérieur qui se confond avec celle ambiante. J’aime marcher pieds nus sur la plage, quand les vagues viennent me lécher les pieds, mais aussi dans le chaos des villes, surtout en Asie. Je prends de plus en plus goût aux voyages axés sur la randonnée, qui me permettent de toucher, goûter et sentir, selon ce qui se trouve sur mon chemin.

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Pourquoi marcher

Pour son 40e anniversaire, Terres d’aventure demande aux adeptes ce qui les pousse à marcher. Sur le site Web, on peut lire les témoignages de personnalités connues, mais aussi d’amateurs de tous âges et de toutes professions.

Le docteur en génétique cellulaire, moine bouddhiste tibétain, auteur et photographe Matthieu Ricard raconte marcher beaucoup dans l’Himalaya. «Tout d’abord, au Népal, au Tibet, au Bhoutan et dans l’Inde des montagnes, dès que l’on sort des principaux axes routiers, la plus grande partie du pays n’est accessible qu’à pied. Je marche donc pour aller rencontrer des maîtres spirituels ou des ermites qui vivent en retraite dans les montagnes et pour visiter des lacs et des montagnes sacrées. Mais je marche aussi pour visiter certains des quelque 160 projets humanitaires…»

«Marcher c'est avant tout un état d'esprit, observe quant à lui Laurent Boiveau, guide à la recherche de nouveaux itinéraires. Je dois l'avouer, je ne peux plus m'en passer. […] Certains pensent le monde comme un grand village, mais à pied, le monde reprend toute sa dimension, vaste et sans fin...»

L’écrivain-voyageur Alexandre Poussin constate pour sa part: «Marcher donne des ailes. C’est une libération, une thérapie. On s’allège, on se soigne, on règle ses problèmes en marchant. Pourquoi? Parce qu’on va de l’avant, on progresse, parce qu’on laisse derrière soi son passé chargé de cicatrices et de scories. Marcher aide à tourner les pages du grand livre de sa vie et permet d’en écrire de nouvelles. C’est ainsi que la marche est une fin en soi. Pour moi, c’est aussi devenu un moyen: celui d’arpenter et comprendre le monde, d’en prendre le pouls, d’en suivre le rythme, à hauteur d’homme…»

De mon côté, j’ai envie de répondre simplement: parce que je peux. N’est-ce pas une chance extraordinaire de pouvoir se déplacer seul, sans autre équipement que ses chaussures (ou même pieds nus)? Je marche parce que pour moi, c’est l’ultime liberté. J’avance peut-être lentement, mais je le fais à mon rythme, les sens en éveil, prête à attraper les idées qui passent et à me fondre dans les tableaux vivants que je traverse. Je marche parce que je peux, et parce qu’on ne sait jamais où le prochain pas nous mènera.

Et vous, pourquoi marchez-vous?

Psst! Le 1er juin, nous vous invitons à un Rendez-vous Avenues portant sur la marche. Animée par moi-même, cette soirée propose une conférence photos avec Anne Pélouas, blogueuse spécialisée et marcheuse convaincue (Grouille pour pas qu’ça rouille – les tribulations d’une babyboomeuse hyperactive) et Jad Haddad, de Terres d'Aventure, qui a fait du voyage à pied sa spécialité. À cela s'ajoutera la présentation des meilleurs guides sur le thème par Ulysse Guides voyage.


Pour en savoir plus

Le Costa Rica, paradis de la randonnée

Marie-Julie Gagnon

3 septembre 2015

Avenues