La chronique Société et Culture avec Claudia Larochelle

Auteur(e)

Claudia Larochelle

Claudia Larochelle est auteure (Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps, Les îles Canaries, Je veux une maison faite de sorties de secours - Réflexions sur la vie et l'oeuvre de Nelly Arcan, la série jeunesse à succès La doudou, etc.) et journaliste spécialisée en culture et société. Elle a animé pendant plus de six saisons l'émission LIRE. Elle est chroniqueuse sur ICI Radio-Canada radio et télé et signe régulièrement des textes dans Les Libraires et Elle Québec. Elle est titulaire d'un baccalauréat en journalisme et d'une maîtrise en création littéraire. On peut la suivre sur Facebook et Twitter @clolarochelle.

Budget espoir en culture…

La température tombe sur les nerfs, le concert de Jon Bon Jovi est reporté à mai, nos séries québécoises préférées tirent leur révérence, diantre que ça va «mal»! Qui eut cru que c’est le budget provincial qui mettrait une touche de ciel bleu à la grisaille de ce printemps maussade? Et pourtant… voilà qu’en matière de culture, le budget Leitão 2018 est plutôt positif, du moins pour le moment, avec des investissements de 539 millions $ sur cinq ans, dont 509 millions $ pour la mise en œuvre de la politique culturelle du Québec. Comme il ne faut jamais baisser la garde en politique, restons prudents avant de crier victoire, surtout avant des élections, mais j’accueille tout de même les nouvelles suivantes comme un peu de lumière au bout du tunnel.



Donc, comme annoncé dans les 32 pages du budget, déposé le 27 mars dernier, consacrées aux secteurs culturels québécois, rappelons que les dépenses de programmes du ministère de la Culture et des Communications s’élèveront à 778,3 millions $ en 2018-2019, soit une hausse de 11% par rapport à l’année précédente, ce qui représente la plus importante hausse annuelle depuis deux décennies. 

La culture vise la jeunesse

En attendant la fameuse politique culturelle qui sera dévoilée prochainement, Québec prévoit plusieurs investissements, dont 113 millions $ d’ici cinq ans pour rapprocher la culture des jeunes et de la collectivité partout au Québec. De ce nombre, notons un montant de 35 millions $ pour offrir des sorties culturelles aux élèves en service de garde en milieu scolaire. Une nouvelle qui a réjoui la présidente de l’Union des artistes, Sophie Prégent: «L’UDA milite pour ces investissements depuis quelques années déjà et se réjouit que le gouvernement s’engage pour au moins cinq ans avec son financement», a-t-elle déclaré par communiqué.

L’UDA a aussi salué la décision du gouvernement d’augmenter les budgets alloués à la création et à la production d’œuvres culturelles québécoises, notamment l’ajout de 100 millions $ sur cinq ans aux budgets du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Elle a, par ailleurs, accueilli avec joie l’intention de Carlos Leitão d’obliger les fournisseurs étrangers, par exemple Netflix et les autres géants numériques, à percevoir la TVQ à compter du 1er janvier 2019. «Bravo! Le gouvernement du Québec répond à une demande de l’UDA et de ses partenaires pour corriger une iniquité fiscale dommageable pour la création culturelle d’ici», s’est réjouie l’UDA.

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Les fournisseurs étrangers, par exemple Netflix et les autres géants numériques, seront obligés de percevoir la TVQ à compter du 1er janvier 2019.

Rêver au mécénat

Autre point qui n’est pas à négliger au sein d’une société grandement en retard par rapport à d’autres quant au mécénat, une prolongation de cinq ans du crédit d’impôt pour un premier don important en culture est aussi présente. Depuis son entrée en vigueur, en 2013, la mesure a permis d’obtenir des dons totalisant 6,6 millions $ en faveur d’organismes du secteur culturel. Le montant annuel des dons effectués, qui était de 522 000 $ il y a cinq ans, a progressé pour franchir le cap des 2 millions $ en 2015. Ainsi, les dons effectués du 1er janvier 2018 au 31 décembre 2022 seront admissibles au crédit d’impôt.

Le gouvernement accorde aussi un soutien financier additionnel de 42,4 millions $ aux institutions du secteur de la culture, comme TV5, par exemple, ainsi qu’aux organismes culturels gouvernementaux, comme Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), le Musée d’art contemporain, le Musée de la civilisation, etc. Quant aux efforts investis dans le monde numérique, en plein essor dans la culture d’ici, Québec prévoit 116,3 millions $ d’ici cinq ans pour «mettre en valeur et favoriser son rayonnement à l’échelle internationale», lit-on dans le budget. Des sommes additionnelles de 40 millions $, versées au cours des cinq prochaines années, permettront également aux entreprises culturelles québécoises de bénéficier des outils nécessaires à la création d’œuvres culturelles modernes et d’avoir les moyens technologiques pour les diffuser.

La presse écrite entendue

Pour réussir leur transformation numérique, les médias d’information de la presse écrite produisant au Québec des contenus originaux sur l’actualité d’intérêt général pourront compter sur un crédit d’impôt remboursable d’une durée de cinq ans, une aide chiffrée à 64,7 millions $ qui s’appliquera aux dépenses relatives au développement de technologies permettant l’adaptation de l’offre numérique (salaire des employés à la conception et au développement + frais d’acquisition ou de location des technologies numériques).

Parlant de numérique, ses enjeux feront partie, avec l’inclusion des minorités, l’information locale et le partenariat avec les autres acteurs canadiens de la radiodiffusion, des priorités de la nouvelle p.-d.g. de la société CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, une productrice anglophone qui travaille depuis une trentaine d’années en télévision et en cinéma. Dès juillet, pour un mandat de cinq ans, cette première femme à occuper ces fonctions remplacera Hubert T. Lacroix, qui était en place à ce poste depuis 2008. Un dossier à suivre à compter de l’été…

Catherine Tait, première femme à la barre de CBC/Radio-Canada
Catherine Tait, première femme à la barre de CBC/Radio-Canada. Photo: Facebook Hélène David

Je craque pour…

Marc Labrèche, qui parodie La Voix à Info, sexe et mensonges sur ICI ARTV.

Je ne me lasse jamais de regarder les imitations de Marc Labrèche à ISM. Or, son spécial La Voix de la dernière de la saison de son beau programme est sans contredit l’affaire la plus drôle au monde, véritable cure de bonheur et de jouissance. Vive Labrèche et ses acolytes Pierre Brassard et Paul Houde en Éric Lapointe, Garou, Alex Nevsky, Lara Fabian et cie! Du bonbon acidulé, et on en redemande. Dieu que la barre est haute après avoir vu ça! Bon, je retourne visionner ça.