Photo: Facebook Lantern of Saybrook

Le « WOW ! » de la semaine

Des résidences hors du commun pour personnes atteintes d’Alzheimer et de démence

Aux États-Unis, un directeur d’établissements pour personnes atteintes d’Alzheimer et de démence a eu une idée unique et révolutionnaire: recréer des villages des années 1930 et 1940 à l’intérieur même des résidences afin de raviver les souvenirs des résidents. Visite de ces endroits hors de l’ordinaire.

Jean Makesh, fondateur et directeur du groupe Lantern (qui regroupe trois établissements de soins et d’hébergement pour les personnes atteintes d’Alzheimer et de démence aux États-Unis), a vite compris que l’architecture et l’environnement ont un impact réel sur notre qualité de vie et notre santé. C’est d’ailleurs en se basant sur ce concept qu’il a élaboré le design de ces établissements qui ont ouvert leurs portes en 2012 et 2015.

Photo: lanternlifestyle.com
Photo: lanternlifestyle.com

Un village bien pensé

Entrer dans l’une des résidences du groupe Lantern, c’est entrer dans un village bien spécial. L’extérieur des chambres ressemble à de petites maisons des années 1930 et 1940, avec porche et lumière «extérieure». Les corridors sont quant à eux transformés en terrains de golf ou en pelouse. Des espaces communs sont également aménagés, favorisant les échanges entre les résidents. Tout a été pensé pour que l’illusion soit parfaite, autant les formes architecturales que les couleurs appliquées aux murs.

Photo: Facebook Lantern of Saybrook
Photo: Facebook Lantern of Saybrook

«Lorsque des patients atteints d’Alzheimer ou de démence se retrouvent dans une résidence traditionnelle pour personnes âgées, ils vivent immédiatement un conflit intérieur. On remarque qu’ils sont agités, anxieux, agressifs ou dépressifs, explique Makesh au News Herald. Puisque leur mémoire récente est affectée par la maladie, ils n’ont pas de souvenirs d’institutions ou d’hôtels. Leur mémoire à long terme est quant à elle en mesure de les ramener à l’enfance. Ils se souviennent donc de la maison dans laquelle ils ont grandi. C’est pourquoi je tente de leur construire ces capsules temporelles.»

Photo: Facebook Lantern of Madison
Photo: Facebook Lantern of Madison

Éclairage, sons et odeurs

Selon Makesh, l’environnement dans lequel une personne vit a un énorme impact sur son quotidien et son autonomie. Ici, pas de gros néons à toute heure du jour ou de la nuit. L’éclairage a plutôt été élaboré afin de simuler un lever et un coucher de soleil. La nuit, le «ciel» tapissé d’étoiles est éclairé par une lune. L’idée est de respecter l’horloge biologique interne des résidents.

Photo: lanternlifestyle.com
Photo: lanternlifestyle.com

L’illusion de vivre hors des murs d’une institution de soins de santé devient presque parfaite lorsque, pendant la journée, des bruits d’oiseaux, de vent ou d’autres sons de la nature se font entendre. Différentes odeurs (menthe poivrée, agrumes, etc.) sont également diffusées dans l’air, des études ayant démontré l’impact positif de l’aromathérapie sur le fonctionnement cognitif des malades.

Photo: lanternlifestyle.com
Photo: lanternlifestyle.com

L’environnement et les activités offertes aux résidents ont été entièrement pensés dans le but d’activer des souvenirs refoulés et de stimuler l’apprentissage.

Et au Québec?

En 2017, la construction d'un mini-village Alzheimer a commencé à Québec, sur le boulevard Lebourgneuf. Baptisée Humanitae, le premier complexe sera une bâtisse de sept étages qui offrira 164 chambres. L'idée est, ici aussi, d'offrir un milieu de vie comme à la maison aux résidents qui seront exclusivement des patients atteints de troubles cognitifs comme la maladie d'Alzheimer. On y retrouvera donc une épicerie, un bistro, des jardins, des terrasses, etc. Les premiers locataires sont attendus vers la fin de l’année 2018.

L'ouverture de ce premier complexe est prévue à la fin 2018. Photo: residencesquebec.ca
L'ouverture de ce premier complexe est prévue à la fin 2018. Photo: residencesquebec.ca

En 2018, la «maison Alzheimer» L'étincelle a ouvert ses portes à Verdun. Ici aussi, tout a été conçu pour recréer un milieu urbain et ainsi donner l'impression aux résidents qu'ils vivent dans un bungalow. «On espère allumer chez eux la petite étincelle, tout en créant un environnement convivial où nos résidants pourront recevoir leur famille à dîner ou à souper, comme s’ils étaient chez eux!» affirme le responsable du projet Sébastien Barrette lors d'une entrevue accordée à La Presse.