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17 octobre 2018Auteure : Véronique Leduc

La saveur du jour

Hôpitaux: place au local et au bio à la carte

En matière de gastronomie, les institutions publiques québécoises, particulièrement les hôpitaux, ont souvent eu mauvaise presse. Mais les choses pourraient changer…

Premier établissement de santé à faire le saut, le CHU Sainte-Justine sert depuis cet été des légumes biologiques venant de trois fermes du Québec et entend élargir son offre. Et ce n’est rien comparé à son offre d’aliments locaux, qui comptent pour 52% de sa dépense alimentaire en excluant les fruits et légumes.

Au Québec, de telles initiatives dans les hôpitaux sont encore rares et, pour le moment, Sainte-Justine fait figure d’exception. C’est sans compter qu’en 2016, l’hôpital est devenu le premier du Québec à servir aux chambres des repas concoctés sur place, que les patients peuvent commander à la carte quand ils le veulent.

Notre service alimentaire Délipapilles continue d’innover, et cette fois en offrant des aliments bios et locaux dans son menu! Développé en collaboration avec Équiterre, le partenariat entre les producteurs et le CHU permettra aux patients, visiteurs et membres du personnel de déguster des légumes frais en provenance de trois fermes biologiques québécoises, soit la Ferme de la berceuse, la Ferme la Bourrasque, la Coop de Solidarité des Jardins du Pied de Céleri. Photo: Facebook CHU Sainte-Justine
Le service alimentaire Délipapilles du CHU Sainte-Justine offre des aliments bios et locaux dans son menu. Photo: Facebook CHU Sainte-Justine

Système D

Les initiatives de Sainte-Justine restent marginales parce qu’opérer de tels changements à si grande échelle demande une volonté de fer et une organisation sans faille. C’est que, pour mieux faire, les hôpitaux disposent des mêmes budgets, qui vont de 8$ à 15$ quotidien par patient, dans lesquels il faut compter 70% pour les coûts liés à la main d’œuvre.

Il reste donc peu pour réinventer les menus. Mais c’est le pari qu’a pris Josée Lavoie, chef des services d’alimentation du CHU Sainte-Justine, qui remarque qu’en réorganisant son service alimentaire pour éviter le gaspillage, passé de 25% à moins de 5%, l’hôpital a économisé pour dépenser davantage dans des produits de meilleure qualité.

n réorganisant son service alimentaire pour éviter le gaspillage, passé de 25% à moins de 5%, l’hôpital a économisé pour dépenser davantage dans des produits de meilleure qualité.Photo: Markus Spiske, Unsplash
En réorganisant son service alimentaire pour éviter le gaspillage, le CHU Sainte-Justine a économisé pour dépenser davantage dans des produits de meilleure qualité. Photo: Markus Spiske, Unsplash

La nourriture pour prendre soin

Les études le prouvent: une bonne alimentation peut avoir des conséquences sur la santé et le moral des patients. La preuve: à Sainte-Justine, la distribution de suppléments alimentaires a diminué de moitié en un an.

Ce n’est pas pour rien que l’Institut de cardiologie de Montréal songe aussi à faire le grand saut.

Quand on sait qu’un patient mal nourri nécessiterait 2 à 3 jours de plus de soins, et serait plus à risque de devoir revenir s’aliter dans les 30 jours suivants, on se dit que le jeu en vaut certainement la chandelle.