30 septembre 2015Auteure : Véronique Leduc

La saveur du jour

À quand un AntiCafé au Québec?

Je suis pigiste, ce qui signifie que je travaille souvent de chez moi, seule au bout de ma grande table de cuisine. Parce que j’ai parfois besoin de voir d’autres humains, ou simplement parce que j’ai envie de mettre le bout du nez dehors, je peux me vanter d’assez bien connaître la majorité des cafés montréalais et encore mieux ceux de mon quartier, où je me fais désormais appeler par mon petit nom.

C’est pour ça que j’ai été jalouse quand je suis tombée sur le texte de Stéphanie Morin, dans La Presse, qui m’a fait découvrir les nouveaux et géniaux AntiCafés qui s’installent en Europe. L’idée: offrir un lieu où il est possible de s’éterniser sans culpabiliser et sans se ruiner. C’est que dans les AntiCafés, on paie pour le temps passé (16 euros maximum par jour), ce qui comprend la connexion Internet et un comptoir gourmand offrant des cafés, des jus et des collations sucrées ou salées, où on se sert à volonté. Depuis peu, l’offre alimentaire a même été augmentée : un chef propose des produits provenant du bassin parisien et issus d’agriculture durable. Puis, comme plusieurs travailleurs s’y retrouvent, les AntiCafés offrent l’accès à une imprimante et à un scanneur. Paraîtrait aussi que l’entraide entre travailleurs est spontanée.

Ce qui est bien aussi, c’est que ces lieux ne sont pas réservés uniquement aux travailleurs. On peut aller y grignoter, feuilleter un livre de la bibliothèque, découvrir un jeu de société ou participer aux divers événements qui y sont organisés. Je suis charmée!

L’idée vient de Leonid Goncharov, un Ukrainien de 25 ans: « (…) en arrivant à Paris il me manquait simplement un endroit où je pouvais me poser sans être dérangé, prendre un bon café et faire tout ce que je voulais comme si j’étais chez moi. (…) il ne restait plus qu'à le créer », explique-il sur le site des AntiCafés.

Plusieurs cafés autour de chez moi sont envahis par des travailleurs autonomes pendant la semaine et ces endroits sont très accueillants avec les clients qui s’assurent de consommer de façon régulière pendant leur présence. Il y a aussi à Montréal de nouveaux et beaux espaces collaboratifs pour les travailleurs comme moi. Mais il faut la plupart du temps être membre, ce qui sous-entend un engagement, et les coûts sont élevés. Maintenant que les façons de travailler ont changé, que le télétravail est de plus en plus répandu et les travailleurs autonomes plus nombreux, les AntiCafés me semblent être un beau juste milieu entre les cafés et les espaces de cotravail.

Le premier AntiCafé a ouvert ses portes à Paris en 2013 et le concept a déjà fait trois autres petits: deux dans la Ville Lumière et un à Rome. Puis, devant la popularité du concept, on annonçait récemment l’ouverture de 50 nouveaux Anticafés à travers le monde d’ici septembre 2018. Je croise les doigts pour que le Québec soit sur la carte… Je serai la première cliente!