Victoire sur la dernière dune du trek
9 novembre 2018Auteure : Véronique Leduc

Trek Rose Trip: 3 jours dans le désert

Ça ressemble à quoi, marcher 20 kilomètres par jour dans le désert du Sahara? Notre journaliste saveurs, Véronique Leduc, a complété les trois jours d’aventure de la première édition du Trek Rose Trip. Compte-rendu en direct du Maroc.



Enfin! Après des mois de préparation, une escale en Turquie, deux nuits à Casablanca et 12 heures d’autobus, nous apercevons au loin, tel un mirage en plein cœur du désert, le bivouac du Trek Rose Trip.

Le bivouac du Trek Rose Trip. Photo: Véronique Leduc
Le bivouac du Trek Rose Trip. Photo: Véronique Leduc

Des musiciens berbères accueillent la centaine de Québécoises qui descendent des autobus et les organisateurs souhaitent gaiement la bienvenue. Tout de suite, on guide les équipes de trois vers la tente qui sera leur maison pour les quatre nuits à venir et dans laquelle se trouvent des matelas épais et des couvertures chaudes. Nous sommes surprises par la grandeur de ces dernières et par le «confort» des salles de bain: en plein désert, nous avons droit à des lavabos, de «vraies» toilettes et de l’eau chaude!

On nous laisse nous installer – certaines équipes prennent même le temps de décorer leur tente aux couleurs de leurs commanditaires –, puis on nous convoque au milieu du bivouac, dans le bel espace commun recouvert de dizaines de tapis colorés. La fébrilité des participantes est palpable.

C’est Désertours, un organisateur français d’événements d’aventures, aussi derrière le réputé Trophée Rose des Sables (fait en 4x4), qui a eu l’idée de ce nouveau trek sportif et féminin. «Nous avions envie de donner la chance de vivre le désert de façon méditative», explique devant les quelque 280 femmes participantes – presque autant de Québécoises que de Françaises – Géraldine Rey, de Désertours. Les organisateurs précisent quelques règles de sécurité et annoncent le déroulement de la journée du lendemain.

Puis les participantes se régalent d’un couscous aux légumes et de clémentines, font connaissance autour d’un grand feu et se couchent tôt afin d’être en forme pour le premier jour de ce grand défi.

Dans ma tente, mes coéquipières et moi sommes fatiguées, mais excitées. Nous nous demandons à quel point il sera possible de nous orienter dans le désert et nous avons de la difficulté à imaginer quel sera le niveau de difficulté physique du défi. Nous saurons bien assez vite.

Les femmes sont rassemblées pour la réunion d'avant départ. Photo: Véronique Leduc
Les participantes de la première édition du Trek Rose Trip rassemblées pour la réunion d'avant départ. Photo: Véronique Leduc

Jour 1

Ce matin, après un déjeuner et des étirements dirigés dans le vaste espace commun, voilà toutes les équipes, à cinq minutes d’intervalle, sur la ligne de départ du trek.

Dans les kiosques près de la ligne de départ, on nous remet un outil qui calculera nos distances avec précision, un roadbook qui nous donnera les directives à suivre entre chaque balise, un repas à faire chauffer pour le midi et des bouteilles d’eau.

Jour 1, à quelques minutes du départ. Photo: Véronique Leduc
Jour 1, à quelques minutes du départ.

Le trek comporte trois boucles différentes à compléter – une par jour –, en parcourant chaque fois le moins de kilomètres possible. Nous ne sommes pas face à un défi de rapidité, mais bien face à un défi d’orientation. L’important, c’est de ne pas se tromper de direction et de tenter de prendre les chemins les plus directs.

Le Trek Rose Trip est un défi d'orientation. Photo: Véronique Leduc
Le Trek Rose Trip est un défi d'orientation. Photo: Véronique Leduc

Les équipes sont divisées en trois groupes, de telle sorte qu’à la fin du défi, toutes les équipes auront complété chacune des trois boucles. Quand vient le temps de partir, il nous semble donc qu’il y a des équipes dans toutes les directions… Impossible de se fier aux autres pour se diriger.

Ça nous prend une éternité pour trouver la bonne direction à prendre à l’aide du cap de 73 que le roadbook nous dit de suivre. Nous ne sommes pas certaines de notre façon de faire, par manque de pratique, certainement. Mais il faut y aller!

Quelque 500 mètres plus loin, nous sommes déstabilisées par la première falaise que nous rencontrons. Par quel côté devrions-nous la contourner pour ne pas perdre le cap?

Mais déjà, après deux ou trois heures, nous maîtrisons plus facilement les outils. Dans mon équipe, pour cette première journée, Sarah s’occupe de la boussole, Ariane surveille nos distances et je lis les directives de notre carnet de route, qui nous mènent d’une balise à l’autre.

L'équipe des Panthères roses. Photo: Sandrine Dahan
L'équipe des Panthères roses. Photo: Sandrine Dahan

En début d’après-midi, alors que nous suivons plus facilement les indications, nous nous permettons de profiter des paysages, magnifiques, et différents à chaque étape. Lors de cette première journée, nous débutons par de hautes dunes, traversons un champ parsemé d’arbustes rabougris, marchons longtemps dans une plaine aride, et rencontrons quelques Berbères et leurs dromadaires. Le trajet se termine par une montée et par une marche finale sur une crête qui offre une vue à couper le souffle sur l’immensité du désert magnifié d’une lumière de fin de journée et… sur le bivouac, qu’on aperçoit au loin. Nous y voilà! En 8 heures, malgré quelques coups de fatigue, nous avons parcouru assez aisément 19,27 kilomètres dans le Sahara!

Au bivouac, la douche est bonne, le thé à la menthe est ravigotant, le grand feu réchauffe et la musique de Tal, une chanteuse israélienne invitée, en fait pleurer plus d’une. Il faut dire que pour plusieurs, ce grand défi revêt une signification particulière. Pour une, le voyage vient clore un divorce difficile, pour une autre, c’est une façon de se prouver qu’elle peut terminer quelque chose par elle-même, pour une autre encore, c’est une renaissance après une opération au cœur ou la perte récente d’un être cher…

Quelques équipes qui se sont perdues en route arrivent au bivouac des heures plus tard, à la noirceur. Elles sont accueillies par un tonnerre d’applaudissements et d’encouragements.

Coucher de soleil sur les tentes des participantes. Photo: Véronique Leduc
Coucher de soleil sur les tentes des participantes. Photo: Véronique Leduc

Jour 2

Nous nous levons ce matin moins courbaturées et en meilleure forme que ce à quoi nous nous attendions. C’est parfait, parce qu’encore aujourd’hui, une bonne marche nous attend!

Jour 2, Sarah, Véronique et Ariane, prêtes à reprendre la route.
Jour 2, Sarah, Véronique et Ariane, prêtes à reprendre la route.

Les premiers kilomètres de la boucle 2, que nous devons affronter aujourd’hui, donnent le ton. Cette boucle, c’est celle qui se fait carrément dans le sable et qui se termine par sept kilomètres de traversée de hautes dunes.

Lors de cette deuxième journée, certaines femmes commencent à ressentir des malaises: maux de ventre ou de tête, douleurs au dos ou aux jambes, mais surtout, une bonne partie souffre d’ampoules importantes aux pieds. Heureusement, je suis encore épargnée. Les médecins et les podologues de l’organisation attendent les filles aux deux postes de contrôle de la journée pour les soigner.

L'équipe des Panthères roses dans le désert. Photo: Désertours
L'équipe des Panthères roses dans le désert. Photo: Désertours

En fin d’avant-midi, nous commençons à manquer d’énergie, et le soleil tape. Nous cherchons un endroit à l’ombre, mais il n’y a rien. Nous voyons au loin un abri de bois que nous décidons d’atteindre. Assises par terre à l’ombre, en mangeant devant d’immenses dunes, nous nous disons que nous avons trouvé la plus belle terrasse du monde!

Puis arrivent, en fin de journée, ces fameuses dunes qu’il faut traverser. Nos pieds glissent à la montée et à la descente. Heureusement que nous avons nos bâtons de marche! À chaque sommet, nous voyons les dunes qui s’étendent à perte de vue telles des vagues. Nous sommes fatiguées, mais chaque fois, ça nous fait éclater de rire de penser qu’il nous reste tout ça à parcourir. Au moins, le décor est si majestueux qu’il nous fait oublier l’effort à fournir.

Jour 2, devant nous, des dunes à perte de vue. Photo: Véronique Leduc
Jour 2, devant nous, des dunes à perte de vue. Photo: Véronique Leduc

Nous atteignons enfin le bivouac autour de 18 h, fières de nous. Distance du jour: 18,17 kilomètres.

Jour 3

C’est le troisième jour de trek, et étrangement, je suis encore motivée à partir ce matin. Il faut croire qu’on prend goût à la marche dans les grands espaces.

Pour cette dernière journée, nous affrontons la boucle 1, qu’on dit plus longue, mais moins difficile que les deux autres. Il y a d’abord les hautes montagnes rocheuses, puis un haut sommet qui offre une vue splendide. Nous redescendons ensuite pour traverser une longue plaine avant de prendre le lunch avec plusieurs autres filles sous un arbre. Après trois jours, nous avons compris que quand il y a de l’ombre, il faut en profiter.

Il fait très chaud en après-midi et le vent du matin est tombé. Plusieurs ont des maux de ventre, certainement exacerbés par la chaleur. Il ne faut surtout pas oublier de s’hydrater. Et dans le désert, on va à la toilette comme on peut, quand on trouve un arbuste assez haut pour se cacher.

Jour 3, ascension d'une dune. Photo: Véronique Leduc
Jour 3, ascension d'une dune. Photo: Véronique Leduc

Les derniers kilomètres du trek sont ardus. L’accumulation de fatigue des trois derniers jours affecte les troupes: plusieurs filles claudiquent et le rythme est plus lent. Mais toutes les équipes, quand elles se croisent, s’encouragent. Finalement, au loin, nous apercevons le bivouac. Encore deux kilomètres, et nous y sommes.

À la ligne d’arrivée, nous n’en revenons pas d’avoir terminé. Au total, nous aurons parcouru 58 kilomètres en trois jours, à des températures très élevées sur des sols parfois difficiles, à l’aide de notre boussole seulement.

Victoire sur la dernière dune du trek
Victoire sur la dernière dune du trek

Au fil d’arrivée, l’ambiance est joyeuse. Les femmes sont fatiguées, ont les pieds meurtris, mais sont heureuses d’avoir terminé. Certaines arrivent émotives et se serrent dans leurs bras.

Ce soir, enfin, parce que nous sommes arrivées plus tôt, nous mettons notre nom sur une liste d’attente et nous avons droit à un massage de 15 minutes. C’est magique!

Après nous avoir présenté les vidéos filmées pendant les journées du trek, des feux d’artifice sont lancés pour célébrer la fin de ce grand défi. Ce soir, autour des tables, il y a beaucoup de fous rires.

Au-delà de l’aspect sportif du défi et des paysages, quoique inoubliables, c’est certainement ce que je retiendrai de cette expérience grandiose et marquante: la complicité et l’entraide entre les participantes. J’ai vu des femmes, même fatiguées, même blessées, qui ne se connaissaient pas s’encourager, se partager l’eau, s’offrir des collations et tendre la main vers celles qui n’arrivaient plus à avancer pour les aider, elles aussi, à atteindre le sommet.

*
Les femmes du Trip Rose Trek ont amassé des fonds pour deux causes: Le Cancer du Sein, Parlons-en et l’association Enfants du Désert. Grâce à l’argent amassé, les participantes ont pu offrir 75 chèvres à 35 femmes d’un petit village du désert afin qu’elles puissent acquérir leur indépendance financière.

Ce voyage a été possible grâce à l’invitation de Désertours et à Turkish Airlines, qui a transporté l’équipe des Panthères roses jusqu’au Maroc.


Pour en savoir plus

Trek Rose Trip: une journaliste d'Avenues.ca relève le défi du désert

Véronique Leduc

29 octobre 2018

Avenues.ca