27 octobre 2016Auteure : Véronique Leduc

Un nouveau guide alimentaire canadien en 2018

Le Guide alimentaire canadien sera revu et une nouvelle mouture devrait sortir en 2018. 



Selon plusieurs, il était temps. Certains évoquaient même «l’urgence» si on voulait que le guide puisse refléter les preuves scientifiques actuelles. Il y a quelques mois, un rapport d’un comité sénatorial laissait entendre que le guide était, dans le meilleur scénario, simplement inefficace, dans le pire, qu’il avait contribué à augmenter les taux d’obésité et de maladies chroniques.

Ce qui est certain, c’est que le Guide alimentaire canadien a bel et bien besoin d’une métamorphose. Sa plus récente mise à jour date de 2007. Cette édition avait été publiée après des années de discussions et 15 ans après la version de 1992. Pourtant, les Américains revoient leur guide tous les cinq ans.

Reculez de 10 ans pour voir. En une décennie, c’est tout un nouveau monde de connaissances qui s’est ouvert à nous. Les modes et les besoins alimentaires ont aussi beaucoup changé. C’est sans parler des préoccupations nutritionnelles, des façons de s’approvisionner et de cuisiner qui évoluent sans cesse. Imaginez: dans le guide actuel, on recommande encore de boire du jus de fruit. On passe aussi sous silence les bienfaits des aliments simples en opposition à ceux qui sont transformés. De plus, on ne distingue pas la viande rouge de la volaille ou du poisson et on classe les charcuteries dans la section des viandes et substituts. Les temps ont changé!

Premier guide alimentaire canadien

Pour la petite histoire, le premier guide alimentaire canadien a été présenté pour la première fois en 1942. Il visait à l’époque à prévenir les carences nutritionnelles et à améliorer la santé de la population malgré le rationnement des vivres en temps de guerre.

Depuis, le guide alimentaire, qui a pour mission d’orienter la sélection des aliments et de promouvoir une alimentation saine chez les Canadiens, a subi des métamorphoses, bien sûr, mais pas suffisamment, soulèvent certains détracteurs.

En effet, selon le nutritionniste Bernard Lavallée, malgré quelques mises au point au fil des ans, les principes de base du guide sont demeurés les mêmes alors qu’il a été conçu dans un monde où les gens avaient des carences en nutriments. D'ailleurs, le nutritionniste y est allé de sa liste de souhaits pour le nouveau guide alimentaire.

S’inspirer des autres

La ministre de la Santé Jane Philpott a avoué avoir reçu plusieurs commentaires au cours des dernières années selon lesquels les Canadiens éprouvaient de la difficulté à comprendre ou à mettre en application les recommandations.

Pour modifier le guide, la ministre compte entre autres s’inspirer de ceux d’autres pays qui, par exemple, incluent l’eau dans les recommandations afin de faire diminuer la consommation de boissons sucrées, font la distinction entre la viande rouge et la volaille, ou s’intéressent aux habitudes alimentaires plus qu’aux aliments eux-mêmes.

L’an dernier, le blogue La Fabrique Crépue a d’ailleurs exposé des exemples inspirants venant d’ailleurs. On y mentionne le guide grec, qui encourage la consommation d’huile d’olive, qui inclut des recommandations sur le nombre de consommations alcoolisées à boire et qui encourage l’exercice physique. D’autres, comme le guide suisse, font abstraction du nombre de portions plus strict pour y aller de simples recommandations sensées.

Mais c’est le guide brésilien qui est le plus souvent cité en exemple depuis sa parution en 2015. Ce qu’on y met de l’avant est simple: il faut cuisiner davantage à la maison et manger en famille afin de consommer moins d’aliments transformés et de prendre le temps de déguster. Automatiquement, ces bonnes habitudes réduiraient l’apport en sel, sucre et gras sans que les citoyens aient besoin de calculer. Ainsi, on s’intéresse autant «au contexte de l’aliment» qu’à l’aliment lui-même. Le Brésil est le premier pays à adopter cette approche, mais d’autres pourraient suivre.

À venir…  

Au Canada, la première étape de cette révision alimentaire a commencé avec des consultations publiques. Les groupes de santé publique, les représentants de l’industrie alimentaire et les citoyens qui le veulent pourront dire ce qu’ils espèrent du prochain guide.

Mais au-delà de sa mise à jour comme telle, certains estiment que le plus grand défi sera de rendre le guide alimentaire canadien de nouveau pertinent dans un monde où plusieurs Canadiens sont plus préoccupés que jamais par leur alimentation et où l’accès à Internet offre une facilité à s’informer à ce sujet, de façon souvent plus attirante que le propose un document gouvernemental. Il faut penser application mobile vivante et interpeler l’utilisateur avec des informations faciles à comprendre et plus accessibles que jamais.

Dans vos assiettes en 2018.