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4 septembre 2018Auteure : Emilie Laperrière

Pour des villes plus fraîches

L’année 2018 restera dans les annales comme l’une des plus chaudes jamais documentées. Et comme le mercure ne cesse de grimper, le design des villes devra rapidement s’adapter pour faire face à cette nouvelle réalité.



Si l’été qui vient de se terminer nous a appris une chose, c’est qu’il est bien plus agréable de passer les mois chauds à la campagne qu’en ville, où le bitume surchauffe l’environnement (et les esprits). Évidemment, les changements climatiques affectent aussi les zones rurales, qui font face à des sécheresses et à des tempêtes de plus en plus fréquentes. N’empêche, l’activité humaine plus grande en ville — des bouchons de circulation aux îlots de chaleur en passant par le nombre grandissant de climatiseurs — contribue à notre inconfort. 

The Guardian a bien saisi l’ampleur du problème. Le quotidien britannique consacrait récemment un dossier complet à la question. En parlant de la chaleur, la prochaine grande inégalité sociale selon eux, les journalistes ont d’ailleurs mentionné la vague de chaleur qui a affecté le Québec en juillet, tuant plus de 90 personnes sur son passage.

De Delhi à Montréal, le problème touche toutes les villes du monde. Voici quelques idées pour rafraîchir nos cités.

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Le mercure qui ne cesse de grimper force le design des villes à s'adapter pour faire face à cette nouvelle réalité. Photo: Andrew Welch, Unsplash

L’arbre, cet air climatisé naturel

Après avoir été rasé des terrains pour faire pousser des immeubles, l’arbre revient en force en ville. Et ce n’est pas un hasard si les urbanistes et les architectes l’incluent de plus en plus dans leurs projets d’aménagement. Contrairement à l’asphalte, qui absorbe la chaleur, les arbres peuvent faire baisser la température de quelques degrés. Ils créent de l’ombre, ils absorbent et filtrent la pollution atmosphérique et l’eau qui s’évapore de leurs feuilles rafraîchit l’air. Pas étonnant, donc, qu’ils reprennent leur place entre les gratte-ciels.

Le quartier d’Oak Cliff à Dallas a notamment planté cet été 1000 arbres autour des écoles et des maisons. Louisville, au Kentucky, a lancé de son côté un programme ambitieux pour refroidir la ville. Depuis 2011, l’administration a ajouté près de 100 000 arbres à son territoire.

Photo: D. Jameson RAGE, Unsplash
Les arbres contribuent à réduire la chaleur. Photo: D. Jameson RAGE, Unsplash

Des jardins suspendus

Il n’y a pas que les arbres qui sont des alliés en ville. Toute la végétation peut nous aider à nous rafraîchir. Singapour l’a compris depuis longtemps. En 1967, elle a instauré son plan de «ville-jardin» en plantant des arbres et en aménageant de nouveaux parcs. Aujourd’hui, elle compte 100 hectares de verdure en hauteur et elle espère atteindre 200 hectares d’ici 2030.

L’administration a d’ailleurs implanté des mesures pour y arriver. Tout nouveau bâtiment doit prévoir une zone de verdure de la taille du site développé. Les plants peuvent être au niveau du sol ou en hauteur. De nombreux jardins suspendus voient ainsi le jour. Plusieurs concepteurs dépassent en plus le minimum exigé par les autorités. C’est le cas de l’hôtel Oasia, réalisé par WOHA Architects. L’édifice est drapé de vert.

Photo: Patrick Binghamhall, Facebook WOHA Architects
L’hôtel Oasia, réalisé par WOHA Architects. est drapé de vert. Photo: Patrick Binghamhall, Facebook WOHA Architects

Des écoles plus vertes

Paris est loin d’être une oasis de verdure. Seulement 9,5% de son territoire est consacré aux parcs et aux jardins, la plus faible proportion de toutes les villes européennes. La mairie espère changer cette statistique en transformant les cours d’école. Si tout se déroule comme prévu, les 800 écoles de Paris seront devenues des espaces verts d’ici 2040. On ajoutera des murs végétaux, des jardinières, de l’asphalte spécial qui peut absorber l’eau quand il pleut et des zones ombragées. L’administration permettra aux personnes vulnérables à la chaleur et à la population en général de profiter de ces nouveaux espaces en dehors des heures d’ouverture.

Des toits blancs

On le sait, les toits noirs font partie du problème. Ils absorbent et retiennent la chaleur. Comme solution, la ville de New York a mis en place la CoolRoofs Initiative. Plus de cinq millions de pieds carrés ont été recouverts d’un revêtement réfléchissant jusqu’à présent. La stratégie pourrait faire baisser le mercure de plusieurs degrés dans la Grosse Pomme.

Los Angeles, qui compte son lot d’autoroutes, remplace de son côté certaines de ses routes en asphalte par des matériaux plus clairs. Tokyo fournit aussi sa part d’efforts en vue des Jeux olympiques d’été de 2020, en choisissant de l’asphalte poreux qui retient plus d’eau et des revêtements réfléchissants.

Des arbres aux toits verts, les villes prennent plusieurs mesures pour contrer la chaleur. La bonne nouvelle? Ces initiatives fonctionnent et réduisent les températures de la surface terrestre de 2 à 3 degrés Celsius dans les zones où elles sont appliquées. Ça n’empêchera pas la planète de se réchauffer, mais c’est au moins un pas dans la bonne direction.

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Les toits verts permettent également de réduire la chaleur en ville. Photo: Chuttersnap, Unsplash