Des conteneurs pour réinventer le logement étudiant

Trouver un appartement lorsqu’on est un étudiant sans le sou n’est pas facile. Au Danemark, le starchitecte Bjarke Ingels propose une solution originale pour remédier au problème: des conteneurs flottants.



Copenhague, comme la plupart des grandes villes du monde de Londres à San Francisco, connaît une crise du logement qui affecte particulièrement les étudiants. Au Danemark, on estime que pas moins de 45 000 nouveaux logements seront requis d’ici 2020 pour accommoder la population étudiante.

Kim Loudrup a saisi l’ampleur du problème en cherchant un toit pour son fils qui entrait à l’université. «Quand nous sommes allés en ligne pour consulter les logements étudiants disponibles à Copenhague, nous avons réalisé que c’était un cauchemar», a expliqué la mère dans une entrevue avec Fast Company.

Plutôt que de baisser les bras, celle-ci a imaginé une solution: construire des dortoirs modulaires à bas prix. Et c’est à Bjarke Ingels qu’elle en a confié la conception. À 41 ans, le Danois est l’un des architectes les plus en vue du moment. Il travaille à la fois sur le Hyperloop d’Elon Musk, le prochain siège social de Google et le 2 World Trade Center, le dernier gratte-ciel à sortir de terre à Ground Zero. C’est ainsi que le projet Urban Rigger est né.

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Des appartements verts… et abordables

Pour ce projet, son cabinet BIG (pour Bjarke Ingels Group), a recyclé des conteneurs. Il les a transformés en appartements disposés sur une plateforme flottant sur le fleuve Molleaen. Le port de Copenhague, une zone sous-utilisée et sous-développée au cœur de la ville, s’est avéré l’endroit idéal.

Neuf conteneurs sont ainsi empilés en cercle et abritent 12 studios sur deux étages. Chaque unité comprend une chambre, une salle de bains et une cuisine. Les résidents se partagent également une cour, une terrasse sur le toit, un barbecue et un hangar à kayaks (!).

Bjarke Ingels et son équipe ont par ailleurs tiré profit des technologies durables. Les conteneurs sont par exemple alimentés par des panneaux solaires. Ils utilisent aussi un système d’échange de chaleur ingénieux qui puise dans la masse thermique de l’eau pour chauffer et refroidir les intérieurs. L’isolation est de son côté assurée par un aérogel développé par la NASA. La structure flottante a en outre un bilan carbone neutre.

À l’intérieur, la décoration est moderne et chaleureuse. Grâce aux multiples fenêtres du sol au plafond, les logements sont inondés de lumière naturelle.

Au-delà de ces éléments positifs, l’argument de taille qui risque de convaincre les étudiants est le loyer de 600$ par mois. C’est la moitié de ce qu’il en coûte habituellement pour résider au cœur de Copenhague, où Urban Rigger a élu domicile.

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Un modèle qui fait des petits

Bjarke Ingels ne veut pas en rester là. Il espère exporter le modèle dans d’autres grandes villes du monde qui comptent elles aussi une forte population étudiante, un manque de logements abordables et un accès à l’eau.

L’architecte danois pense même qu’avec quelques modifications, son projet pourrait aider à atténuer la crise des réfugiés.

À Copenhague, la résidence sur l’eau a été inaugurée à la fin septembre. Urban Rigger mettra-t-il un terme à la crise du logement étudiant? Il est encore trop tôt pour le dire, mais le cabinet BIG assure avoir déjà reçu une commande de 24 unités en Suède. Des villes américaines, dont New York, seraient également intéressées. À quand des appartements sur le fleuve Saint-Laurent?


Pour en savoir plus

Meet Architect Bjarke Ingels, the Man Building the Future

Mark Binelli

14 septembre 2016

Rolling Stone