Innovations technologiques

Ce qu’il faut savoir sur Internet gigabit au Canada

Telus et Bell ont annoncé à tour de rôle, dans les derniers jours, des investissements importants pour déployer des réseaux Internet d’une vitesse allant jusqu’à un gigabit, soit des réseaux cinq fois plus rapides que les plus rapides des réseaux habituels au Québec. Une connexion inutilement rapide pour la plupart des gens, qui ouvre toutefois une porte vers l’avenir. À condition d’en payer le prix, bien entendu.



Internet gigabit est une connexion Internet capable d’offrir une vitesse de transfert d’un milliard de bits par seconde, ou 1000 Mbit/s. Au Québec, selon la dernière étude du Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations (CEFRIO), 54 % des Québécois branchés le sont à partir d’une connexion d’entre 10 et 30 Mbit/s seulement, il s’agit donc d’une amélioration considérable.

Chez Bell, le service Fibe Gigabit devrait être offert à partir de cet été dans les endroits où Internet par fibre optique se rend déjà chez les gens directement, comme à Québec, Gatineau, Trois-Rivières et dans plusieurs quartiers et villes de la région montréalaise. Un tout nouveau réseau sera aussi mis en place à Toronto, où 1,1 million de foyers pourront en profiter grâce à un investissement de 1,14 milliard $.

Du côté de Telus, il s’agit d’un réseau de fibre optique «compatible avec Internet gigabit» qui sera bâti prochainement à Edmonton au coût d’un milliard de dollars. Contrairement à Bell, la vitesse des connexions y sera toutefois limitée à 150 mbit/s au lancement.

Sur les traces de Google

Internet gigabit est à la mode en Amérique du Nord, depuis l’arrivée en 2012 de Google Fiber, un service de fibre optique à domicile offert par Google dans une poignée de villes seulement.

Même si Google Fiber en est encore à ses premiers balbutiements, le service a déjà beaucoup d’impact sur l’industrie en générale puisque le géant a forcé les autres fournisseurs Internet à offrir des connexions de plus en plus rapides, et de plus en plus abordables.

Au Canada, on peut d’ailleurs s’attendre à ce que Bell et Telus ne soient pas les seuls dans ce marché bien longtemps.

Notons au passage que des services Internet à 1 Gbit/s et plus existent déjà au Canada, mais que ceux-ci sont normalement conçus pour les entreprises.

À quoi ça sert?

Mais que peut-on faire avec toute cette vitesse exactement? Beaucoup de choses, mais aussi rien de bien exceptionnel pour l’instant.

Une connexion gigabit permet par exemple de regarder en continu plus de cinq films en haute définition en même temps, ou encore de télécharger un film complet de 14 Go en 2 minutes seulement. Sauvegarder tous ses documents en ligne (comme ses photos) est aussi beaucoup plus rapide qu’auparavant, à condition que le service qu’on utilise soit capable de soutenir ces vitesses, ce qui est loin d’être garanti.

Si Internet gigabit ne répond pas exactement à un besoin présent, la technologie pourrait toutefois bien répondre à un besoin futur.

Les services de diffusion de vidéos en ligne pourraient en profiter pour offrir des films en Ultra HD d’une meilleure qualité qu’actuellement, et les services de jeux par diffusion en ligne, qui n’ont jamais réellement décollé jusqu’ici, pourraient avoir droit à un second départ.

Bref, les services Internet actuels ne sont pas conçus pour de telles vitesses, mais lorsque ceux-ci s’adapteront, la rapidité de nos connexions pourrait s’avérer de plus en plus importante.

Combien ça va coûter?

Reste maintenant à voir combien tout ceci va coûter.

Chez Bell, une connexion de 175 Mbit/s coûte présentement 132,95 $ par mois, avec une limite de transfert de 550 Go. Chez Vidéotron, une connexion de 200 Mbit/s (limitée toutefois à 30 Mbit/s en téléversement) et avec une limite de transfert de 500 Go coûte 130,95 $ par mois.

Considérant qu’aucun joueur ne vient ici modifier l’ordre établi, comme c’était le cas aux États-Unis avec Google, on peut s’attendre à ce que le prix d’une connexion gigabit soit encore plus élevé.

Pourtant, aux États-Unis, Google offre son service pour 70 $ par mois, tandis que TalkTalk au Royaume-Uni offre le sien pour environ 42 $ par mois.

Si on ne peut que se réjouir des améliorations apportées aux infrastructures Internet, leur prix élevé et leur manque d’utilité réelle devrait limiter leur intérêt pour l’instant. Il s’agit toutefois d’une étape importante dans l’évolution des connexions Internet au Canada.