La chronique Vins et alcools avec Jessica Harnois

Auteur(e)

Jessica Harnois

Sommelière et animatrice, Jessica Harnois a travaillé pour les plus grands établissements au monde, a occupé le poste de sommelière en chef à titre d’acheteuse de vins pour les Services SAQ Signature, a été responsable du Courrier vinicole et de la prestigieuse Cave de garde de la SAQ, en plus d’avoir été présidente de l’Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et Vice-Présidente de l’APAS (Alliance Pan-Américaine des Sommeliers). Avec l’agence d’animation Vins au Féminin, elle a conceptualisé le jeu Dégustation Vegas qui démocratise le vin. Vous pouvez la voir à la télé, l’entendre à la radio et la lire dans plusieurs magazines.

Vins de Bordeaux

Une année miraculeuse pour les vins de Bordeaux

Bordeaux annonce ses couleurs avec son nouveau millésime 2014. Ce sera une année dite «miraculeuse».



Depuis l'arrivée à Bordeaux du célèbre critique de vin Robert Parker jr, au début des années 80, le monde du vin a littéralement changé. Ce fut le début de l'ère de la spéculation! L'idée est simple : plus la demande pour certains vins est forte, plus l'offre de ceux-ci diminue donc les prix augmentent à cause de la rareté du produit.

Certaines cuvées bordelaises issues du mythique millésime 1982 se vendent jusqu'à 8 000$ et plus. Il suffit d’aller voir la variation des prix sur le site wine-searcher.com pour les comparer. Prenons l'exemple du célèbre Château Pétrus, il a été si populaire que les autres marchés l'on copié. La légende urbaine dit qu’il existe à ce jour plus de Magnum de Pétrus 1921 qu'il en a été produit à l'époque. Un vrai fléau. C’est pourquoi il importe de bien connaître le réseau de distribution pour s’assurer de la qualité et de la provenance des vins.

L'offre et la demande

Les vins vendus en «primeur» ont été très prisés pendant les années 1980-2000. On se les arrachait, car ils étaient rares et prestigieux. Avec Internet, la disponibilité des produits et le marché se sont élargis. Désormais, les internautes peuvent précommander en ligne en ayant accès à toutes les offres disponibles dans le monde entier.

Les millésimes 1982, 1985, 1990, 1995, 2000, 2005, 2009 et 2010 sont de grandes années. Lorsque la campagne en «primeur» est prolifique, les prix explosent. Dans les moins bonnes années, ceux-ci doivent nécessairement redescendre pour équilibrer le portefeuille des acheteurs et, surtout, stimuler et maintenir leurs intérêts années après années.

Qu'advient-il du marché lorsque les millésimes 2011, 2012, 2013 et 2014 ne sont pas vraiment dignes de devenir un investissement majeur pour un consommateur averti? Inévitablement, il y a une perte de vitesse dans les commandes et tous les marchés en subissent les conséquences, même la SAQ. Malgré tout son prestige, Bordeaux n'est pas à l’abri du phénomène de la substitution. Les amateurs vont acheter d'autres types de vins où la température est plus clémente, des cuvées qui leur en donneront plus pour leur argent.

Souvenons-nous de la campagne «primeur» de 2009. Les vins étaient mis en vente au compte-goutte, ils passaient des semaines avant d'obtenir les prix en première tranche. Selon l'engouement des acheteurs, les prix montaient en flèche. Cette année, la campagne «primeur» 2014 s’avère différente. Les grands domaines comme Château Angelus se dépêchent de mettre leurs crus en vente pour ne pas perdre leur part de marché.

Il faut dire que 2014 ne fut pas un millésime facile. Selon les dires de certains vignerons bordelais, la pluie du mois d'août avait noyé tout espoir de réussite. Heureusement que le soleil s'est montré le bout du nez en septembre pour sauver la récolte sinon le résultat aurait été catastrophique.

Investir judicieusement

Les amateurs de grands vins, les collectionneurs et les passionnés de crus bordelais doivent-ils investir dans ce millésime 2014? La réponse est oui. Il faut le faire intelligemment. La première étape est de suivre les offres via la plateforme SAQ.com. Pour ce faire, devenez membre gratuitement des Services Signature pour avoir accès à l'offre produit.

Prenons la prestigieuse collection du Québécois Champlain Charest en exemple. Ce passionné de grands vins qui a fondé le réputé Bistro à Champlain a investi beaucoup d'argent au fil du temps dans sa cave à vin et ces actifs ont été fructueux avec les années. Un investissement judicieux d’une valeur de plusieurs millions de dollars. Parfois mieux qu’un rendement à la banque.

Toutefois, il faut tenir compe qu'il y a 30 ans, les modes de consommation et les prix étaient différents. Il était alors plus simple de débuter une cave à vin. Si les Bordeaux vous semblent inabordables, gardez en tête que des grands vins, il y en a partout. Il faut savoir resté alertes et miser sur des valeurs sûres. Il faut aussi avoir le flair pour détecter les nouveautés qui vont gagner en notoriété avec les années.

Cela dit, si les vins bordelais sont trop dispendieux cette année pour la qualité offerte, ce ne sont pas les options qui manquent. Gardez en tête qu'il vaut toujours la peine d'en mettre quelques bouteilles au cellier, histoire de maintenir sa collection et de savoir la diversifier. Amusez-vous à faire votre sélection dans le Courrier Vinicole Primeurs 2014 : De Retour dans toutes leurs splendeurs!

La suggestion de la semaine

Photo: saq.com
Photo: saq.com

L'excellent Château Rauzan Despagne de Bordeaux à seulement 18,55$. Une cuvée facile à boire, sur une matière fruitée (mûres sauvages, prunes, cassis) et un joli nez empyreumatique. Très bien pour le prix.

Château Rauzan Despagne Bordeaux 2014. Vin rouge, 750 ml, 18,55$.