La chronique Voyage de Marie-Julie Gagnon

Auteur(e)
Photo: Mélanie Crête

Marie-Julie Gagnon

Auteure, chroniqueuse et blogueuse, Marie-Julie Gagnon se définit d’abord comme une exploratrice. Accro aux réseaux sociaux (@mariejuliega sur X et Instagram), elle collabore à de nombreux médias depuis une vingtaine d’années et tient le blogue Taxi-brousse depuis 2008. Certains voyagent pour voir le monde, elle, c’est d’abord pour le «ressentir» (et, accessoirement, goûter tous les desserts au chocolat qui croisent sa route).

Trois jours dans l’univers de Dirty Dancing en Virginie

Le week-end dernier, j’ai eu la chance de me rendre au Mountain Lake Lodge, à Pembroke, en Virginie, qui a servi de décor au film Dirty Dancing il y a 30 ans. Une visite riche en émotions pour la nostalgique que je suis!



On connaît l’histoire par cœur: en 1963, celle que tout le monde surnomme «Bébé» et sa famille vont passer trois semaines de vacances au centre de villégiature Kellerman. C’est là que l’adolescente de 17 ans tombe sous le charme de Johnny, prof de danse et bad boy à ses heures.

Photo: Facebook Dirty Dancing
Photo: Facebook Dirty Dancing

Environ quatre heures de route sont nécessaires depuis Washington, où j’ai atterri, pour rejoindre le site où ont été tournées une douzaine de scènes. J’y retrouve 200 autres fans originaires de partout aux États-Unis, mais aussi de l’étranger, dans le cadre du premier des quatre week-ends Dirty Dancing au programme cette année.

«À cause de l’anniversaire, certains participants ont réservé il y a un an», me raconte plus tard Heidi Stone, directrice générale du Mountain Lake Lodge, dont la clientèle annuelle est composée d’environ 30% de fans du film culte. Devant l’engouement, un quatrième week-end a été ajouté en septembre.

Le premier chalet loué? Celui occupé par la famille Houseman dans le film, bien sûr! D’ailleurs, avis aux intéressés: il faut débourser 700$ US/nuit pour ce chalet de trois chambres avec vue sur l’hôtel et le lac ou, du moins, ce qu’il en reste.

Photo: Marie-Julie Gagnon Un chalet mythique
Un chalet mythique. Photo: Marie-Julie Gagnon

Qu’est-il arrivé au lac?

Impossible de ne pas le mentionner: le lac qu’on aperçoit dans trois scènes n’existe plus! Un rare phénomène géologique a entraîné sa disparition pour la première fois en 1999. Il est réapparu en 2003, puis l’eau s’est de nouveau évacuée en 2006. Entre 2008 et 2012, il est resté complètement sec. Lors de mon passage, il y avait bien une petite mare, mais rien à voir avec l’étendue d’eau devant laquelle le père de Bébé va réfléchir après avoir découvert que sa fille avait une liaison avec un danseur. Une vidéo explique clairement ce qui s’est passé sur le site web de l’établissement.

Un trip de filles!

Histoire de voir à quoi ressemblent les participants, je m’arrête au bar boire un cocktail au melon (ça vous rappelle quelque chose?). Je remarque quelques couples et familles, mais surtout des bandes de copines. «C’est vraiment un week-end de filles», confirme Heidi Stone, disant que plusieurs sont prêtes à faire entre 8 et 12 heures de route pour venir se plonger dans l’atmosphère du long métrage culte.

Photo: Marie-Julie Gagnon Impossible de ne pas trimballer un melon d'eau question de se mettre bien dans l'ambiance!
Impossible de ne pas trimballer un melon d'eau question de se mettre bien dans l'ambiance! Photo: Marie-Julie Gagnon

Le film joue en boucle dans un coin de la pièce. Mike, le barman, devance chacune des répliques. Entre deux anecdotes, il me montre une copie du scénario du film. «Le chef actuel, Michael Porterfield, était sous-chef à l’époque et il a déjà dépanné Patrick Swayze en l’amenant sur sa moto», raconte-t-il.

Je demande à le rencontrer. L’homme dans la soixantaine me confirme l’anecdote et ne semble pas las le moins du monde de répondre aux questions des curieux. «C’était mémorable, dit-il à propos de la production. J’ai vu le tournage de presque toutes les scènes. Quand ils ont tourné dans les cuisines, nous étions là.» Le plus sympathique des acteurs? Patrick Swayze, bien sûr.

Fait inusité, à l’époque, Jennifer Grey fréquentait l’acteur Matthew Broderick, au sommet de sa popularité après Ferris Bueller’s Day Off. «Je me souviens que les bus girls conservaient tout ce qu’il touchait. Alors nous avons perdu pas mal de fourchettes, cuillères, tasses, etc.!»

D’un cours de danse à l’autre

Il est temps de me rendre à mon premier cours de danse. J’entre timidement dans la salle alors qu’ils ont déjà débuté. Je m’installe dans un coin et scrute la piste, amusée. Un concours de costumes récompensera ce soir les fans les plus créatifs. J’aperçois des clones de Jennifer Grey transportant une pastèque, une Penny post-avortement au mascara dégoulinant et quelques (rares) Johnny vêtus de noir de la tête au pied.

Photo: Marie-Julie Gagnon Le légendaire site de vacances de la pension Kellerman
Le légendaire site de vacances de la pension Kellerman. Photo: Marie-Julie Gagnon

Le lendemain, après la visite guidée au cours de laquelle j’apprends notamment que la célèbre réplique «Personne ne met Bébé dans un coin» a été traduite par «Je veux ravoir mon Bébé» en allemand, je prends le temps de suivre les panneaux récemment installés près des principaux lieux de tournage. C’est fou à quel point ils sont facilement reconnaissables, même 30 ans plus tard!

«Peu d’endroits ayant servi de lieux de tournage peuvent être visités, observe la directrice générale. Quand vous venez ici, vous vous sentez dans le film. Maintenant, tout est tourné en studio. C’est l’une des choses qui rend le week-end unique.»

Je fais la rencontre de deux Hollandaises venues en Virginie exprès pour prendre part à ce week-end. Amies depuis l’enfance, elles vouent toutes deux un culte à Dirty Dancing. «Nous avons d’abord réservé notre séjour ici et nous avons organisé un petit road trip autour, après», confient les deux quarantenaires.

Lors de la deuxième et dernière soirée, un couple de Français de 28 ans, Ludivine et Julien, me racontent qu’ils feront la chorégraphie finale du film lors de leur mariage en septembre prochain. À les regarder sur la piste de danse, je n’ai aucun doute que leur numéro fera fureur.

Je discute aussi avec Haizel, bientôt huit ans, qui danse avec sa mère comme si sa vie en dépendait. Pendant tout le week-end, la fillette originaire de Dallas s’est trémoussée sans se fatiguer. «J’aime danser, dit-elle. Je me laisse aller quand j’aime la musique!»

Quant à moi, je tente quelques pas de danse avant de revenir sagement en 2017.

Après ces trois journées d’immersion totale dans l’univers de Dirty Dancing, je croyais en avoir marre de ce film qui n’a rien d’un chef-d’œuvre quand on le regarde avec des yeux d’adulte. Que nenni! Devinez ce que je regarderai ce soir?

Pratico-pratique:

  • Les premiers week-ends Dirty Dancing ont eu lieu en 1988.
  • Patrick Swayze, décédé d’un cancer du pancréas à l’âge de 57 ans, a beaucoup marqué les gens du coin. Un monument lui rend hommage près du lac.
  • Prix d’un week-end Dirty Dancing pour deux, incluant l’hébergement, la nourriture et les activités: environ 850$ US.
  • Des scènes du film ont aussi été tournées à Lake Lure, en Caroline du Nord. Il y a d’ailleurs une compétition entre les deux destinations quand vient le temps de déterminer quelles scènes ont été tournées où. Celle du lac où Johnny et Bébé pratiquent la fameuse portée est particulièrement controversée.
  • Si vous ne tenez pas à jouer aux poches, à suivre des cours de danse et à regarder le film entouré de fans, il est possible de venir à d’autres moments et de repérer soi-même les lieux clés. Une carte pour nous aider à les repérer est d’ailleurs disponible à la réception.

J’étais l’invitée de Tourisme Virginie. Merci!


Pour en savoir plus

Dirty Dancing’: Where Kellerman’s Came to Life

New-York Times

26 mai 2017

NYTimes