La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

La part du diable: un condensé du Québec des années 70

Je m’assume. Je vous parle encore du passé cette semaine. C’est que j’ai vu un bijou, La part du diable de Luc Bourdon, seul long métrage canadien en compétition internationale au Festival du nouveau cinéma.



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Je m’attendais à aimer ça, car Luc Bourdon reprend ici le même procédé qui lui avait tant réussi pour La mémoire des anges, gagnant du Jutra du meilleur documentaire en 2009. Il nous raconte de nouveau le Québec à partir d’archives de l’Office national du film.

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Cette fois, le réalisateur a fouillé dans ce qui a été produit de la fin des années 60 au début des années 80. Durant ces années-là, l’ONF était sur tous les fronts à l’affût de tout ce qui bougeait, tirait, déboulonnait. Ses équipes ont capté l’air du temps sur la question nationale, les luttes syndicales, l’apparition des revendications féministes, la transformation du territoire, etc.

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Luc Bourdon a visionné plus de mille heures de pellicule de ces archives. Il a retenu des extraits d’environ 175 films. Des films qui ont documenté la misère de l’époque, montré les assauts de la jeune génération contre l’ordre établi, immortalisé des traditions aujourd’hui disparues.

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La part du diable nous vaut aussi de revoir René Lévesque dans toute sa splendeur pédagogique; Micheline Lanctôt, sculpturale dans un extrait de Souris, tu m’inquiètes; de renouer avec la pasionaria Pauline Julien ou de se rappeler que c’est René Simard qui chantait la chanson officielle des Jeux olympiques de Montréal.

La prouesse, c’est d’avoir donné une cohérence à ce flot d’images plutôt disparates. Toutes ces perles enfilées donnent un portrait impressionniste et impressionnant d’une société en ébullition, en butte à ses contradictions. Si par moment on n’en revient pas du chemin parcouru, à d’autres on a l’impression que l’histoire se répète. En tout cas, chacune des 102 minutes de cette anthologie cinématographique nous dit d’où l’on vient.

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En attendant la date précise de la sortie en salle de La part du diable, je vous suggère de voir, ou revoir, La mémoire des anges disponible pour écoute sur le site de l’ONF.