La chronique Culture avec Claude Deschênes

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Avenues

Les prix littéraires, une vitrine essentielle ?

par Françoise Genest

Le Prix des libraires du Québec annonçait, le 8 mai dernier, les lauréats de l’édition 2017. Un prix largement couvert par la presse et relativement connu du grand public. Mais saviez-vous que le Québec compte plus de 100 prix littéraires? N’y en a-t-il pas trop? Font-ils une différence pour les auteurs et la vente de livres?



Qu’ont en commun les Anaïs Barbeau-Lavalette, Larry Tremblay, Monique Proulx, Michel Tremblay, Marie Laberge, Gil Courtemanche, Nicolas Dickner, Dany Laferrière, Éric Dupont et Simon Roy? Ces noms phares de la littérature québécoise font tous partie des lauréats du Prix des libraires pour un roman québécois, un des prix littéraires les plus prestigieux au Québec que coordonne l’Association des libraires du Québec (ALQ).

Leurs romans couronnés: L’Orangeraie, La femme qui fuit, La fiancée américaine, Nikolski, L’énigme du retour, Ma vie rouge Kubrick, Un dimanche à la piscine à Kigali, et bien d’autres ont fait la manchette et trouvé leur public.

Pour l’édition 2017, c’est Stéphane Larue, avec son tout premier roman, Le plongeur, paru aux éditions Le Quartanier, qui a reçu le Prix des libraires pour le roman québécois. Le prix pour le roman hors Québec a été attribué à Emily St. John Mandel pour Station Eleven, une catégorie où se sont illustrés, avant elle, des auteurs prisés comme Amélie Nothomb, Khaled Hosseini, Patrick deWitt, Nancy Houston, et bien d’autres.

Photo: Patrick Séguin

«De très bons choix, soutient Claudia Larochelle, auteure, chroniqueuse littéraire et culturelle et animatrice de l’émission Web Lire diffusée par ARTV. D’ailleurs, cette année, les cinq finalistes du Prix des libraires ont tous été des coups de cœur pour moi. Le roman de Stéphane Larue est magnifique!»

 Une centaine de prix littéraires

Comme bien des gens du milieu du livre, Claudia Larochelle estime que le Prix des libraires est l’un des prix littéraires les plus importants au Québec. «C’est un prix attribué par ceux qui rencontrent directement les lecteurs, les conseillent et leur vendent les livres et, en ce sens, il est très crédible.»

Autres prix littéraires jugés prestigieux par les gens de l’industrie: le Prix du Gouverneur général (attribué par un jury composé d’auteurs), le Prix des collégiens (auquel participent 5 000 étudiants) et le Prix France-Québec.

Au total, il existe plus d’une centaine de prix littéraires au Québec. Tous égaux? Trop nombreux? «Non, certainement pas trop nombreux, répond Suzanne Aubry, présidente de l’Union des écrivaines et écrivains québécois (UNEQ). Même s’ils n’ont pas tous la même importance ou le même rayonnement, les prix littéraires sont des accélérateurs, des vitrines essentiels pour que des auteurs trouvent leur public.»

Photo: Facebook page Emily St-John Mandel
Photo: Facebook page Emily St-John Mandel

«Même les prix très spécialisés, comme le Prix Jacques-Brossard pour le meilleur roman de science-fiction, ont leur importance parce qu’ils donnent de la visibilité auprès de publics ciblés, soutient pour sa part Antoine Tanguy, président et fondateur des Éditions Alto.

Vendeurs, les prix littéraires?

Visibilité, notoriété, durée de vie prolongée, deuxième souffle… tout le milieu s’accorde pour dire que la promotion autour des prix littéraires est un outil de marketing incontournable et pour les éditeurs et les auteurs. «Dans certains cas, c’est carrément une deuxième carrière pour un livre», ajoute Antoine Tanguy, dont les livres ont raflé de nombreux prix, notamment celui des libraires à plusieurs reprises.

À ce titre, le Prix des libraires, qui fêtera ses 25 ans l’an prochain, est un prix «vendeur», et ce, à plus d’un titre. La promotion et le marketing entourant l’annonce des finalistes et celle des lauréats trouvent largement écho dans la presse. «C’est une formidable fenêtre pour les auteurs», souligne Suzanne Aubry. Sans oublier que le prix s’accompagne d’une bourse de 10 000 $ remise à l’auteur par le Conseil des arts et des lettres du Québec.

Et le Prix des libraires fait vendre! «Cela a un impact direct sur les ventes – nos libraires en sont témoins –, sur la durée de vie du livre et sur la notoriété de l’auteur», affirme Véronique Beauchamp, coordonnatrice du prix.

Il faut dire que le Prix des libraires a le mérite d’avoir du flair. Dans le milieu de l’édition, il a d’ailleurs la cote. «Il s’agit d’un prix phare, car il est attribué par ceux qui sont en première ligne de l’industrie de livre, explique Antoine Tanguy. C’est un prix qui est devenu important, car, historiquement, il a récompensé des livres qui ont ensuite eu une forte carrière et qui ont été en nomination ou primés par d’autres prix comme le Prix France-Québec.»

Cela dit, le Prix des Collégiens a également un impact direct et marqué sur la vente de livres, particulièrement en milieu scolaire. «Tous les prix littéraires ont de l’importance et jouent le rôle d’éclaireurs et de courroie de transmission pour les auteurs et leurs livres», souligne Claudia Larochelle. «Qu’importe le prix remporté, si l’éditeur sait le mettre en valeur, c’est un levier pour les ventes et pour la carrière du livre et celle de son auteur», ajoute Antoine Tanguy.

«Un prix aussi prestigieux que le Prix du Gouverneur général, qui est une reconnaissance des pairs pour un auteur, ou encore un prix comme le Prix des libraires ou le prix France-Québec, peut faire toute la différence dans la carrière d’un auteur. Une visibilité dont le livre et les auteurs ont grand besoin», conclut Suzanne Aubry.