La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Les Mosaïcultures: l’art de faire parler les plantes!

Rien qu’à vous voir acheter vivaces et annuelles au printemps et à constater l’énergie que vous mettez à entretenir vos plates-bandes et boîtes à fleurs à l’été, je sais que vous aimez jardiner. Pas surprenant que vous ayez été 4 millions à visiter les Mosaïcultures lors de ses quatre éditions montréalaises (2000, 2001, 2003 et 2013).



Eh bien! apôtres du pouce vert, vous avez de nouveau rendez-vous avec les Mosaïcultures. Cette fois, ça se passe au parc Jacques-Cartier, sur les bords de la rivière des Outaouais à Gatineau sous la supervision de la même Lise Cormier, infatigable fondatrice de Mosaïcultures Internationales de Montréal. Et, qu’on se le dise, l’accès est gratuit!

Célébrer le Canada par l’art de la mosaïculture

La commande de cette nouvelle édition vient de la Ville de Gatineau, qui veut se positionner comme destination touristique incontournable en cette année du 150e anniversaire de la Confédération canadienne. MosaïCanada150, qui a ouvert ses portes le 30 juin dernier, a attiré 120 000 personnes à son premier week-end. Ça augure bien pour un événement qui doit prendre fin le 15 octobre.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Tout tourne autour du Canada cet été dans la région de la capitale nationale et les Mosaïculture n’y échappent pas.

Les 33 mosaïcultures de l’exposition sont réparties en cinq grands thèmes dont la plupart ont trait à la géographie ou à l’histoire du pays. Dès l’entrée du site, une gare, un train et Anne, du livre Anne… la maison aux pignons verts, nous invitent à un voyage d’un océan à l’autre. Les paysages du pays ne tarderont pas à se déployer sous les yeux du visiteur.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Chaque province et territoire sont évoqués sous une forme qui lui est caractéristique. L’ours polaire de Churchill pour le Manitoba, le pêcheur de homards pour la Nouvelle-Écosse, le chercheur d’or pour le Yukon, etc. Le Québec est représenté par une scène rappelant le deuxième voyage de Jacques Cartier au Canada en 1535, une expédition comptant trois navires, la Grande et la Petite Hermine et l’Émérillon, qui sont là et dont les voiles dominent le site.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Plus loin, les mosaïcultures seront associées à des personnages (Jos Montferrand) ou à des moments historiques de l’histoire du pays (le but gagnant de la série du siècle en 1972). Le parcours se conclut sur des œuvres inspirées de l’imaginaire autochtone, dont l’extraordinaire légende d’Aataentsic racontée dans le tableau La Terre Mère qu’on a vu en 2013 au Jardin botanique.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Une escapade en Chine

Il y a aussi deux contributions de la Chine, grande puissance dans l’art des mosaïcultures, qui a voulu offrir ses meilleurs vœux au Canada. Les artistes chinois ne l’ont cependant pas eu facile. À leur arrivée en mai, le terrain que l’organisation leur avait attribué était sous quatre pieds d’eau en raison du débordement de la rivière des Outaouais. Devant leurs hôtes déconcertés par la situation, les Chinois ne cessaient de dire que la pluie est un don du ciel! Dans ce même esprit positif hérité de Confucius, Beijing et Shanghai ont créé deux œuvres monumentales mettant en scène des dragons de bon augure et des lions porteurs de chance.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

On ne peut s’empêcher de trouver les mosaïcultures chinoises spectaculaires. Elles sont de fait mieux définies que celles produites chez nous. Il y a une raison à cela. La technique chinoise fait appel à davantage de plantes. Sur les 3,5 millions de plants utilisés pour MosaïCanada 2017, presque la moitié l’ont été pour les deux sculptures de la Chine!

Une évolution dans l’art des mosaïcultures

Depuis les premières Mosaïcultures Internationales de Montréal, les techniques ont changé, le nombre et la variété de plantes utilisées ont augmenté. En 2000, une mosaïculture était constituée d’une vingtaine de variétés de plants. Aujourd’hui, on a recours à 150 espèces différentes.

Photo: Facebook Mosaicanada150
Photo: Facebook Mosaicanada150

Le carex, qui donnait si belle allure au chien de l’Homme qui plantait des arbres en 2013 à Montréal, est utilisé cette année pour parer les bœufs musqués ou donner une barbe fournie au chercheur d’or. Les fleurs utilisées sur l’inukshuk géant permettent de recréer l’illusion d’une aurore boréale, d’où le titre de l’œuvre Légende des aurores boréales.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

N’hésitez pas à faire la visite guidée (au coût de 10$), vous apprendrez plein de détails sur cet art qui date du 16e siècle et qu’on a fait évoluer de manière remarquable depuis qu’on est passé du massif fleuri à la sculpture en trois dimensions dotée d’un système d’arrosage goutte-à-goutte intégré.

Une transformation au gré des saisons

La beauté de ces œuvres, c’est qu’elles se transforment avec le temps sous l’œil vigilant d’une armée de jardiniers qui «manucurent» à la perfection ces créations végétales.

Photo: Facebook Mosaïcanada150
Photo: Facebook Mosaïcanada150

Qu’adviendra-t-il des 33 mosaïcultures et des 300 arbres qu’on a plantés sur le site à l’issue de l’événement, en octobre? Les arbres, qui ont été plantés en motte, seront replantés sur le territoire de la Ville de Gatineau et sur les terrains de la Commission de la capitale nationale, alors que les mosaïcultures retourneront dans leurs provinces et leurs territoires d’origine. On ne sait pas encore dans quelle ville l’œuvre québécoise Trois navires venus de France aboutira.

Lors de ma visite, le week-end dernier, j’ai été très surpris par l’interminable file pour entrer sur le site. Je vous rassure, si ça se passe comme pour moi, l’attente ne sera pas trop longue. L’immensité du site permet d’assurer une fluidité dans le déplacement des visiteurs.

Cette nouvelle édition des Mosaïcultures mérite certainement le déplacement, et même d’y retourner. D’autant plus que c’est gratuit!

mosaicanada.ca

Un sentier culturel à Gatineau

Vous allez voir les Mosaïcultures? Profitez de votre passage à Gatineau pour découvrir son centre-ville en parcourant le Sentier culturel. Comme la Freedom Trail de Boston, laissez-vous guider par une ligne rouge peinte au sol, elle vous mènera à différentes attractions culturelles et patrimoniales. Même si le Vieux-Hull a été atrocement détruit dans les années 70 et 80 pour faire place aux édifices fédéraux, il reste quelques vestiges de son passé florissant qui méritent le détour. L’ancienne gare a été convertie en galerie d’art, la fonderie en centre sportif et le château d’eau en brasserie qui abrite un centre d’interprétation brassicole. Hull a toute une histoire avec la bière et le musée dispose d’une importante collection d’objets pour la raconter.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Le parcours du Sentier culturel fait trois kilomètres. Il est agrémenté d’œuvres d’art. Ayez l’œil, même les traverses de piétons et les bancs publics font partie de l’expérience. Au parc Montcalm-Taché, vous ne résisterez pas à la tentation de prendre une photo des pigeons géants du duo Cooke-Sasseville qui picorent autour d’une boite de soupe Campbell.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Pour les centaines de milliers de touristes qui se rendront aux Mosaïcultures, le Sentier culturel est une invitation à prolonger leur visite à Gatineau. L’idée sera répétée l’an prochain.

À la demande d’Ottawa 2017, Moment Factory a créé un événement autour de la future Ligne de la Confédération. À compter de 2018, la ville d’Ottawa sera dotée d’un nouveau train léger sur rail, un projet de 2,1 milliards $ qui a nécessité d’excaver sous le centre-ville un tunnel de 2,5 km. À un an de l’inauguration de ce nouveau service de transport, le public pourra s’aventurer dans le tunnel du TLR pour assister à une expérience souterraine temporelle. Le spectacle multimédia transportera les spectateurs dans un univers où le passé enfoui et l’avenir en devenir se télescopent. Comme pour le spectacle Avudo au Vieux-Port de Montréal, les représentations sont gratuites, mais on doit réserver son créneau horaire à l’avance. Il y aura approximativement 4 000 places disponibles par jour à raison de 70 personnes par groupe. La durée du circuit est d’une trentaine de minutes. Les départs se font du théâtre de la Place de ville, au 300, rue Sparks, de 10h à 22h. Kontinuum commence ce dimanche (16 juillet) pour se poursuivre jusqu’au 14 septembre.

Informations sur le spectacle sur ce site.