La chronique Culture avec Claude Deschênes

Auteur(e)
Photo: Martine Doucet

Claude Deschênes

Claude Deschênes collabore à Avenues.ca depuis 2016. Journaliste depuis 1976, il a fait la majeure partie de sa carrière (1980-2013) à l’emploi de la Société Radio-Canada, où il a couvert la scène culturelle pour le Téléjournal et le Réseau de l’information (RDI). De 2014 à 2020, il a été le correspondant de l’émission Télématin de la chaîne de télévision publique française France 2.On lui doit également le livre Tous pour un Quartier des spectacles publié en 2018 aux Éditions La Presse.

Le Canada, champion de la photographie

Il n’y a pas à dire, la photographie a plus que jamais la cote.



En un mois, la 11e édition du World Press Photo a attiré 53 000 personnes au Marché Bonsecours. Au Musée des beaux-arts de Montréal, l’exposition du photographe Robert Mapplethorpe fait jaser, notamment parce que certains l'on visitée nus. Tout l’automne, le Quartier des spectacles vibre grâce aux clichés d’Yves Renaud, qui transfigurent les alentours de la Maison symphonique. Ça, c’est sans compter les milliers de photos que les abonnés d’Instagram, Facebook, Twitter et autres Snapchat se partagent quotidiennement. Si la photo est bonne, pourquoi s’en priver?

Un institut pour le 8e art

Les amateurs de photographie auront un nouveau lieu pour satisfaire leur curiosité à l’égard de cette discipline beaucoup plus vaste et complexe que le simple clic que je peux faire sur la fonction photo de mon iPhone. En effet, le Musée des beaux-arts du Canada accueillera prochainement dans ses murs de verre le nouvel Institut canadien de la photographie (ICP), qui aspire à devenir un des plus hauts lieux de la photographie dans le monde.

Pour ce faire, le musée d’Ottawa est allé chercher sa nouvelle directrice à Paris, où Luce Lebart était reconnue pour sa manière ludique et libre de mettre en valeur les collections de la Société française de photographie dont elle avait la responsabilité.

Luce Lebart au Canada

D’entrée de jeu, j’ai demandé à Luce Lebart ce qui l’avait incitée à dire oui aux chasseurs de têtes qui l’ont approchée. La réponse de cette historienne de la photo m’a surpris, car je ne soupçonnais pas que le Canada avait une réputation aussi enviable dans le domaine de la photographie.

«La collection du Musée des beaux-arts du Canada n’a pas d’égal en matière de diversité. On y trouve une combinaison de photos patrimoniales, historiques, scientifiques, artistiques et contemporaines. Des photographies de guerre rares du XIXe siècle. La photo canadienne, incluant la culture autochtone, est évidemment bien représentée, mais il y a aussi dans la collection beaucoup de photos africaines et asiatiques. Mais ce n’est pas tout, le Musée possède bon nombre d’accessoires qui témoignent de l’origine de la photo et de son évolution technologique. J’y ai vu la possibilité de faire dialoguer des matériaux rarement réunis. Il y a vraiment tout ce qu’il faut pour créer un véritable institut de recherche sur l’image qui soit une référence mondiale.»

Luce Lebart a aussi été attirée par le pays lui-même.

«Le Canada a le vent en poupe actuellement. Ce n’est pas anodin qu’un projet comme l’Institut canadien de la photographie voie le jour chez vous dans cette forme-là. Le Canada célèbre la diversité et ça se répercute jusque dans la mission de l’ICP. J’aime l’idée qu’on soit ouvert à toutes les pratiques de photographie. Ici, on peut se permettre de ne pas hiérarchiser les documents comme on le fait souvent dans le milieu de la photo.»

Luce Lebart. Photo: Christophe Cordier.
Luce Lebart. Photo: Christophe Cordier.

Le mélange des genres

Les deux premières expositions de l’Institut canadien de la photographie témoignent de cette volonté de mélanger les genres. Les œuvres de l’artiste tchèque Josef Sudek (1896-1976) côtoieront des photos d’actualité issues des archives du journal Globe and Mail.

Dans le cas de Josef Sudek, c’est la première grande exposition consacrée au travail de ce maître des tirages argentiques et pigmentaires.

Pour ce qui est de Légende. Les archives photographiques du Globe and Mail, le visiteur sera appelé à revivre des événements marquants de l’actualité du XXe siècle au Canada et à l’étranger. Les photos exposées portent les stigmates de leur passage dans la salle de rédaction. On y verra notamment le trait au crayon rouge du pupitre qui recadre l’image pour obtenir plus d’impact auprès des lecteurs. L’ancêtre de Photoshop! Le mot légende fait référence au texte accompagnant les photos lors de leur publication. Et comme ces bas de vignettes étaient souvent écrits au dos de la photo, la présentation en a tenu compte. On exposera le recto et le verso.

Photographe inconnu. Dave John Bryant et son fils manifestent pour la paix à Toronto. 1961. Don du journal Globe and Mail à l’Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada.
Photographe inconnu. Dave John Bryant et son fils manifestent pour la paix à Toronto. 1961. Don du journal Globe and Mail à l’Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada.

Des expos de photos à l’année

L’Institut canadien de la photographie disposera de toute une aile du Musée des beaux-arts du Canada pour accomplir sa mission. Cet espace était autrefois consacré aux dessins, estampes et gravures.

L’institution ne manquera pas de contenu pour renouveler régulièrement ses expositions. Sa collection comprend près de 50 000 photographies, 146 000 négatifs et plusieurs promesses de dons, notamment de la part du mécène torontois David Thomson, président de Thomson Reuters Corporation. L’ICP a aussi obtenu une commandite de taille. La Banque Scotia s’est engagée à verser 10 millions de dollars pour soutenir sa mission.

L’ouverture officielle de l’Institut canadien de la photographie aura lieu le 26 octobre.

Mon coup de cœur

Les lanternes du Jardin de Chine

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Depuis le début septembre que j’ai la visite de Jardins de lumière à mon agenda. Je me suis finalement rendu au Jardin botanique vendredi dernier. Le ciel était clair, la lune presque pleine, le froid un peu surprenant. Quelle joie de retrouver cette magie des lanternes chinoises, un classique de l’automne montréalais! Cette année, on évoque la Cité interdite de Pékin avec des palais illuminés qui réfléchissent leurs multiples couleurs dans l’étang. Nos enfants rois n’ont pas été oubliés. Pour eux, on a reconstitué en lanternes de soie toute une ménagerie qui compte entre autres une famille de pandas, une poule et ses poussins, une volée d’oiseaux, des serpents, des lézards. De quoi faire des OOHHHH! et des AAHHHH! Il faut savoir que le Jardin de Chine est en travaux, mais à la tombée du jour on y voit que du feu. Jardins de lumière se termine le 31 octobre.

Photo: Claude Deschênes
Photo: Claude Deschênes

Pour en savoir plus

La photo et vous

Claudia Larochelle

13 septembre 2016

Avenues.ca