La chronique Vins et alcools avec Jessica Harnois

Auteur(e)

Jessica Harnois

Sommelière et animatrice, Jessica Harnois a travaillé pour les plus grands établissements au monde, a occupé le poste de sommelière en chef à titre d’acheteuse de vins pour les Services SAQ Signature, a été responsable du Courrier vinicole et de la prestigieuse Cave de garde de la SAQ, en plus d’avoir été présidente de l’Association Canadienne des Sommeliers Professionnels et Vice-Présidente de l’APAS (Alliance Pan-Américaine des Sommeliers). Avec l’agence d’animation Vins au Féminin, elle a conceptualisé le jeu Dégustation Vegas qui démocratise le vin. Vous pouvez la voir à la télé, l’entendre à la radio et la lire dans plusieurs magazines.

Bordeaux, rive droite

Plus grand vignoble de France en termes d’AOC, Bordeaux impressionne les œnophiles de tous acabits. Ses crus mythiques du Médoc et ses grands vins liquoreux font même écho dans l’imaginaire des non initiés. Pourtant, Bordeaux ce n’est pas que la rive gauche. C’est un peu comme dire que le Québec, c’est le sirop d’érable et Céline Dion. Un peu réducteur, n’est-ce pas?



Sur la rive droite du fleuve Garonne, dans le Libournais, se trouvent des terroirs d’exception, tels les Pomerol et Saint-Émilion. En ces contrées, le merlot tient la vedette, contrairement au Médoc, où le cabernet sauvignon règne en maître. Les vins qui en ressortent sont élégants, fruités, souples, et, pour la plupart, dotés d’un grand potentiel de vieillissement. La dense configuration du vignoble libournais n’est d’ailleurs pas sans rappeler le vignoble bourguignon. Un plaisir à visiter pour les papilles autant que pour les yeux, puisque la cité moyenâgeuse de Saint-Émilion est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le poète latin Ausone a même donné son nom à l’un des prestigieux Châteaux, sacré 1er cru classé «A».

La rive droite a été la première à disposer d’un classement de ses crus sous l’instigateur Napoléon III en 1855. Depuis, les classements bordelais se sont multipliés. On en retrouve maintenant plusieurs sur le territoire, dont le classement de Saint-Émilion. Fait intéressant: la classification est revue tous les 10 ans par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité). Contrairement au classement de 1855, qui n’a subi qu’une modification depuis sa création...

Dégustation des 2014 de Jean-Pierre Moueix

En février dernier a eu lieu la 17e édition des dégustations des grands vins de propriétés de M. Moueix. À l’occasion de ce rendez-vous annuel, Laurent Navarre, directeur général de la Société Jean-Pierre Moueix, et une poignée de chroniqueurs vin du Québec se réunissent pour déguster des bouteilles pas piquées des vers dans une ambiance joviale, presque familiale. Ainsi a-t-on fait sauter le liège de quelques grandes bouteilles, pour la plupart issues des nouveaux arrivages du millésime 2014 de Pomerol, Lalande-de-Pomerol et Saint-Émilion. Des crus classés, bien sûr, certains commercialisés en primeur, et, aussi, des cuvées plus abordables.

La philosophie de la société Jean-Pierre Moueix a ceci de surprenant. Elle a emprunté la voie de la modernité en proposant des vins jeunes, prêts à boire, mais possédant la profondeur et la matière nécessaires pour vieillir en cave. Il en va ainsi pour le millésime 2014, strict certes, avec de la tension, mais aussi de la chair et du tannin, garantissant une longue bonification en cave. Dénouement heureux, puisque le millésime 2014 a dû coûter quelques nuits de sommeil aux vignerons du Libournais. «L’hiver très doux de 2014 fut suivi d’un été orageux, quasi tropical, expliquait M. Navarre aux chroniqueurs présents. Heureusement, un temps chaud et sec s’est installé du 25 août jusqu’aux vendanges.»

Parmi les vins présentés, plusieurs ont attiré mon attention. Les voici.

Château de Bel-Air Lalande-De-Pomerol 2014

alt="chateau-de-bel-air"Dominé par le merlot (73%), puis complété par le cabernet franc (19%) et le cabernet sauvignon (8%), ce bordelais offre des arômes raffinés oscillants entre les fleurs, les fruits noirs et un soupçon de bois. À ce propos, l’élevage en barrique d’une durée de 12 à 14 mois a été fait dans près de 50% de barriques neuves. Racoleur et parfaitement équilibré, il présente un superbe potentiel de vieillissement.

Château de Bel-Air Lalande-de-Pomerol 2014. Vin rouge, 750 ml. 29,95$.

 

Château Lafleur-Gazin Pomeral 2014

alt="château-lafleur-gazin"Le nez discret dévoile des notes de fleurs séchées, d’épices douces et de menthol. La bouche, pour ainsi dire piquante, révèle des notes de poivre blanc, une grande fraîcheur, des tannins de qualité et une finale tout en longueur. Prometteur à tous les égards pour une longue garde.

Château Lafleur-Gazin Pomeral 2014. Vin rouge, 750 ml. Courrier vinicole, 59$.

 

 

Château Bélair-Monange Saint-Émilion 1er grand cru classé B 2014

alt="chateau-Belair-Monange-2014"La signature du terroir est sans équivoque. Produit sur les sols les plus privilégiés de Saint-Émilion, le vin présente une trame terreuse et minérale. Grâce à sa bouche tannique, puissante et gourmande, il est le Bordeaux le plus corsé de cette liste.

Château Bélair-Monange Saint-Émilion 1er grand cru classé B 2014. Vin rouge, 750 ml. Courrier vinicole, 149$.

 

 

Château Trotanoy Pomerol 2014

alt="chateau-trotanoy-2010"Un vin qui vous donne de telles émotions, ça ne vous passe pas sous le nez tous les jours! D’une grande richesse aromatique, pour ne pas dire déstabilisante. Un vin énigmatique, quasi obsédant, massif et profond. La preuve que la puissance n’empêche pas l’élégance. Du grand art.

Château Trotanoy Pomerol 2014. Vin rouge, 750 ml. Courrier vinicole, 205$.